La création monumentale autour de 1300Notre-Dame d’Ecouis et Enguerran de Marigny : ambitions terrestres et construction du souvenir par Sabine Berger

Notre-Dame d’Écouis (Eure), réceptacle monumental du souvenir du chambellan Enguerran de Marigny, cristallise les ambitions terrestres du fameux conseiller de Philippe le Bel et participe de la création d’une mémoire personnelle tout autant que familiale. Réalisée en deux à trois années seulement au commencement de la décennie 1310, la collégiale normande est d’un volume imposant selon la volonté de son commanditaire. L’église est consacrée au mois de septembre 1313 devant un impressionnant parterre de prélats, parmi lesquels plusieurs serviteurs du roi de France. Dotée de statues en relation avec les insignes reliques abritées dans le trésor, munie de vitraux aux armes du fondateur, Notre-Dame d’Écouis est une structure mémorielle manifeste, bien connue et souvent mentionnée dans la production érudite comme dans les travaux scientifiques de la seconde moitié du XXe siècle. Ce monument, dont nous présenterons la genèse, la conception et le devenir entre le début du XIVe et le dernier quart du XVe siècle – moment où un tombeau portant le gisant de Marigny est enfin érigé – est le premier d’une vague de fondations pieuses menées par les membres de l’entourage politique royal, nouveaux et très actifs « mécènes » autour de 1300. L’art au temps des Rois Maudits ne saurait être analysé sans une prise en compte de cet édifice emblématique de l’architecture religieuse française du bas Moyen Âge.

Mercredi 18 novembre 2015 - 18h30
Galerie Colbert
Salle Grodecki
Institut national d’histoire de l’art
Entrée libre dans la limite des places disponibles