Écrans mobilesSéminaire Ecrans exposés. Art contemporain, Cinéma, Média

Séminaire organisé par Riccardo Venturi (pensionnaire, INHA) et Géraldine Sfez (maître de Conférences en Études Cinématographiques, Lille 3)

  • Richard Begin (Université de Montréal), Pratiques actuelles de la mobilographie : de IPhone à GoPro

La pratique d’écriture de la mobilité s’effectuant avec les appareils médiatiques portables connaît une popularité sans précédent depuis l’arrivée sur le marché des téléphones intelligents. Les images produites dans le cadre de cette « mobilographie » confortent la thèse qu’un corps appareillé peut tout aussi bien s’avérer être la référence principale de la représentation que sa condition même de possibilité. Cette conférence a pour objectif d’approfondir cette thèse par le recours à la pratique d’enregistrement offerte par la GoPro, laquelle rend encore plus prégnante la puissance somatique des images.

Richard Bégin est professeur adjoint en études cinématographiques au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal et cochercheur au sein du partenariat international de recherche TECHNÈS. Il est le fondateur et directeur de la revue Écranosphère. Il a publié Figures de violence (avec Bernard Perron et Lucie Roy), L’Harmattan, ainsi que Baroque cinématographique : essai sur le cinéma de Raoul Ruiz, Presses de l’Université de Vincennes. Ses recherches portent sur les technologies mobiles et la mobilographie.

  • Emmanuelle André (Université Paris Diderot), Dork Zabunyan (Université Lille 3), Exposition téléphonique : propositions

En considérant que l'analyse des films détient les conditions de leur exposition, on étudiera lors de cette intervention l'une des formes les plus marquantes de la non-coïncidence visuelle du téléphone : l'instauration d'un sujet scindé, qui coïncide au cinéma avec l'exposition d'une "image plate" introduite par les écrans du téléphone portable. C'est donc le cas d'une vision éclatée qui sera ici abordée, en confrontant de courts extraits d'Adieu au langage (J.-L. Godard, 2013) avec l'expérience réalisée par Nicholas Ray en 1973 : We Can't Go Home Again, un film que Serge Daney voyait bâti comme "une maison pour les images".

Emmanuelle André est maître de conférences à l’Université Paris 7-Diderot. Elle est l’auteur de Esthétique du motif. Cinéma, musique, peinture (2007) ; Le Choc du sujet. De l'hystérie au cinéma (XIXe-XXIe siècle) (2011) et, avec Dork Zabunyan, de L'attrait du téléphone (2013). Elle prépare un ouvrage sur « Le cinéma, art de la main. Pour une histoire détournée de l’œil. »

La conversation téléphonique, par la dialectique qui lui est propre – entendre son interlocuteur sans le voir – sollicite une imagination spatiale, nécessairement tâtonnante, comme en témoigne la question que l’on ne peut pas ne pas poser dès lors que nous discutons par portables interposés : « t’es où ? ». Le cinéma, tout au long de son histoire, n’a pas cessé d’explorer les effets de désorientation dans l’espace engendrés par les usages du téléphone. Réfléchir à une exposition portant sur le téléphone au cinéma, c’est tenter de réinvestir, en fonction de la plastique interne des plans, ces jeux d’espace où se développe une perte constante des repères. À partir d’une étude de trois cas filmiques où l’appareil téléphonique est utilisé – chez Hitchcock, chez James Gray ou encore chez Resnais –, l’idée serait d’extraire des instructions pour une éventuelle exposition qui trouverait dans la composition de ces images des indications pour tenter ensuite de les mettre en espace. Par-delà l’écueil d’une reconstitution spatiale du film, il s’agira de se projeter dans une désorientation produite par la conversation au téléphone, mais cette fois dans l’espace du musée ou de la galerie.

Dork Zabunyan est maître de conférences HDR en cinéma à l’université de Lille 3. Co-auteur avec Emmanuelle André de L’Attrait du téléphone (Yellow Now, 2013). Ses dernières publications en revue  sont « L’usage de l’horreur » (Cahiers du Cinéma, février 2015) et « L’État de propagande et le cinéma qui vient » (Trafic, été 2015, à paraître).

Accéder aux informations sur le séminaire « Écrans exposés »

20 mai 2015 - 17h30-20h
Galerie Colbert
Salle Giorgio Vasari
Institut national d’histoire de l’art
entrée libre

Accès

2, rue Vivienne
75002 Paris