Cadres. Du film à l’installation4e séance du séminaire "Ecrans exposés. Art contemporain, Cinéma, Médias"

Séminaire organisé par Riccardo Venturi (pensionnaire, INHA) et Géraldine Sfez (maître de Conférences en Études Cinématographiques, Lille 3)

  • Christa Blümlinger (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis), Les bords de l’écran : à propos de Morgan Fisher
    D’un point de vue strictement technique, les bords d’une image cinématographique, telle qu’elle apparaît sur écran, sont définis par au moins trois paramètres : d’abord par le format du film, c’est-à-dire la taille des images unitaires que sont ses photogrammes (et le rapport variable des deux dimensions du cadre rectangulaire); ensuite par l’échelle des plans (la distance de la caméra au sujet filmé); enfin par le dispositif de la projection (la distance du projecteur à l’écran et le cache déterminent la taille de l’agrandissement et la partie visible des photogrammes). Tout au long de son œuvre, plastique et filmique, Morgan Fisher déplie ses considérations sur la fonction du cadre, en mobilisant, entre autres, l’histoire des techniques et des industries du cinéma. La communication aura pour objet l'analyse des gestes variés que Fisher a consacré a cette question.

    Christa Blümlinger est professeure en études cinématographiques à l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. Ses publications (plusieurs ouvrages en allemand et en français) portent sur l'esthétique du cinéma, le film d'essai et l'art des nouveaux média ainsi que sur des régimes filmiques et artistiques de mémoire.  

    Publications récentes en français : Cinéma de seconde main. Esthétique du remploi dans l'art du film et des nouveaux média, Klincksieck, 2013 (paru en l’allemand en 2009), Paysage et mémoire. Photographie, Cinéma, dispositifs audiovisuels, (co-dir. avec Sylvie Lindeperg et.al.,), PSN, « Théorème », 2014, « Attrait de l’archive » (dir.), Cinémas, vol. 24, no 2-3, 2014.

  • Lilian Haberer (Université de Cologne), L’entre-images in spaces of installation. Projection architectures between Kinesis and Stasis in the work of David Claerbout and Ulla von Brandenburg
    La dialectique entre images fixes et images animées a été interrogée ces dernières années, non seulement en se référant à la photographie, au cinéma et aux formes pré-cinématographiques, mais en prenant aussi en compte les formes des nouvelles images digitales. Raymond Bellour a défini la notion d’entre-images en s’intéressant à l’arrêt sur image (photographique ou filmique) comme « dialogue » (Robert Frank) entre l’appareil, le point de vue du spectateur, la matérialité de l’image et leurs mouvements spatiaux et temporels. Cette figure se trouve matérialisée, selon Bellour, en tant qu’espace de transition mental et physique par son transfert en une image vidéo. 

    Cette communication se demandera comment cet espace de transition entre kinesis et stasis devient évident dans le mouvement qui conduit de l’image filmique à l’installation spatiale. Il s’agira de montrer qu’une forme spécifique d’entre-images se trouve alors produite en s’appuyant sur l’analyse de deux installations d’images en mouvement : Shadow Piece de David Claerbout (2005) et 8 d’Ulla von Brandenburg (2008). Cette forme d’entre-images articule ainsi le mouvement entre espace interne et externe, vue statique et prise de vue en temps réelle, écrans et architecture labyrinthique. 

    Lilian Haberer est chercheuse associée en Histoire de l’art à l’Université de Cologne. Elle est aussi curatrice et a publié Forming Space as Principle. Parallel Structures in Liam Gillick’s work (Nuremberg, 2006), Factories in the Snow (Zurich, 2007) et une monographie sur l’artiste Silke Schatz (Hannover, 2012). Elle a également co-édité Cinematographic Spaces. Installation aesthetics in Art and Film (Munich, 2012) et Image projections (Transcript, Bielefeld, 2015).

Dans son dernier film, Adieu au langage (2014), Jean-Luc Godard fi lme longuement deux personnes en train de manipuler et de se montrer leurs téléphones portables respectifs. Ce film en 3D atteste que les images se trouvent prises dans de nouveaux usages : nous les produisons de plus en plus facilement, nous les manipulons aussi au sens où nous les faisons défi ler, les agrandissons ou les réduisons en touchant du doigt les écrans de nos tablettes et téléphones. Pour ce deuxième volet du séminaire Écrans exposés, nous étendrons notre typologie des écrans : urbains, mobiles, mais aussi écrans installés dans les galeries et les musées. Nous continuerons à nous interroger sur ce que cette prolifération et cette diversification des écrans modifient dans notre appréhension des images, dans une démarche où se croiseront histoire de l’art et histoire du cinéma.

Accéder aux informations sur le séminaire « Écrans exposés »

22 avril 2015 - 17h30-20h
Galerie Colbert
Salle Giorgio Vasari
Institut national d’histoire de l’art
entrée libre

Accès

2, rue Vivienne
75002 Paris