Épistémologie du dessin - Concepts, lectures et interprétations, XIXe-XXIe siècle

Le vendredi de 12h à 14h

École des Chartes

Présentation

Réfléchir aux fondements du dessin – lieu d'inspiration pour l'artiste, « activateur de pensée », projection de fantasmes artistiques, trace balbutiante de compositions « in progress », transcription brute d'imaginaires figurés, « premier jet » graphique d'abstractions conceptuelles, vérification « sur pièces » d'hypothèses rêvées, essai visant à tester la capacité réalisatrice, aboutissement d'utopies intangibles par d'autres techniques, etc. – autant que poser les pratiques et usages sociaux du dessin – intimité secrète d'une œuvre à l'amont de son processus, circulation d'une ébauche servant de modèles aux disciples, projet destiné aux commanditaires, fondement de l'enseignement artistique au XIXe siècle, objet de convoitise des collectionneurs, trace mobile aisément reproductible, etc. –, inscrit le débat d'idées à la frontière de l'histoire de l'art, de la génétique et de l'histoire culturelle. De fait, par l'examen approfondi de corpus diversifiés croisant des grilles d'analyses pluridisciplinaires, le séminaire, sur le registre de l'anthropologie culturelle, questionne les « racines de l'œuvre », isole aussi ses fonctions socio-esthétiques grâce à une typologie critique. De la sorte, fidèle aux interrogations du philosophe Gaëtan Picon arpentant les « Sentiers de la Création » aux tournants des années 1970 lorsqu'il évoque, par exemple, les dessins de Miró, pour la plupart inaboutis : « […] ce témoignage sur ce qui aurait pu être n'a pas moins d'importance. Le pays de la création est plein de ces chemins dont parle Heidegger, qui ne mènent nulle part, si ce n'est aux entrelacs de leur errance. Que la création avant d'être l'acte irréparable de l'œuvre, ait été intention, puissance, nous le voyons ici, de tout près […] », le séminaire cherche à toucher, frôler au moins, « l'ailleurs » de l'œuvre. Ouvrant jusqu'à l'actualité afin d'interpréter les ferments de la création contemporaine, le groupe de recherche ne fait pas l'impasse sur les artistes, architectes ou designers d'aujourd'hui. Certes rompus générationnellement à l'expérience des outils numériques, beaucoup demeurent convaincus, tels les frères Bouroullec que « […] le dessin à main levée est une instance archaïque, le réceptacle de tensions normales entre la pensée d'un projet et sa réalité […] ».

Programme

Pratiques culturelles du dessin

  • Séance 1/ 11 octobre 2013
    « Régimes d'historicité des Cabinets d'art graphique : Le Louvre et les Arts décoratifs » (Agnès Callu et Lizzie Boubli, Louvre, CNRS-ITEM)
  • Séance 2/25 octobre 2013
    « Autour de Dess(e)ins : les traces habiles » (Claire Combeau, directrice de collection)
  • Séance 3/ 15 novembre 2013
    « Le Dessin : cartographie critique des lieux de création et monstration » (François-Marie Deyrolle, éditeur)

Lectures pluridisciplinaires du dessin

  • Séance 4/ 29 novembre 2013
    « Aragon dessinateur ou l'autre geste d'écrire » (Luc Vigier, Université de Poitiers, CNRS-ITEM)
  • Séance 5/ 6 décembre 2013
    « L'architecte et le dessin : critique et interprétation du graphe » (Jean-Philippe Garric, Paris I)
  • Séance 6/ 14 février 2014
    « Pour une génétique esthétique des carnets de Miró » (Agnès Callu, Ecole nationale des Chartes)
  • Séance 7/ 21 février 2014
    « Fondations et architectures : de l'ornement et de l'écrit japonisants aux recueils (v.1860-1900) » (Sabine Pasdelou, Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
  • Séance 8/ 7 mars 2014
    « Pour une histoire globale des gestes techniques : le dessin en régime de fabrique (XVIIIe-XIXe siècles) » (Audrey Millet, Paris 8)
  • Séance 9/ 21 mars 2014
    « De la psychologie clinique du dessin : diagnostics et pratiques » (Claude Mesmin, Paris 8)

Égohistoires de créateurs

  • Séance 10/ 4 avril 2014
    « Marcher, Ecrire, Dessiner » (Jean-Christophe Norman, artiste plasticien)
  • Séance 11/ 25 avril 2014.
    « Vers un Atlas du Temps présent » (Claire Malrieux, artiste plasticienne, ENSCI)

Conclusions

  • Séance 12/ 23 mai 2014
    « Conclusions du séminaire, II » (Agnès Callu)

Ancienne élève de l'École nationale des Chartes (thèse publiée sur la Réunion des musées nationaux sous la IIIe République, Prix Lenoir) et de l'Institut national du Patrimoine, Docteur en histoire contemporaine de l'IEP de Paris/ Sciences Po (thèse publiée sur le philosophe esthéticien et critique d'art Gaëtan Picon, Prix Chaix d'Est Ange), Agnès Callu est historienne, conservateur du Patrimoine au musée des Arts décoratifs, chargé du Cabinet des Dessins, chercheur associé permanent au CNRS (Institut d'histoire du temps présent, IHTP) et à Sciences Po (CHSP), chargé de cours à l'École nationale des Chartes.