Le corps de l’acteur : un corps politique ? Cycle des conférences de la Ligne générale - Le corps de l’image : art et biopouvoir

Illustration : Tadeusz Kantor, La classe morte, d’après le film d’Andrzej Wajda (1975)

19 juin 2014 - 18h
Auditorium de la Galerie Colbert
entrée libre

Accès

6 rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

Le corps de l’acteur : un corps politique ?  
par Béatrice Picon-Vallin, directrice de recherches au CNRS (THALIM)
 
L’art de la scène est sans doute aujourd’hui le plus vivant le plus inventif des arts visuels.  Il s’agit pourtant d’un art essentiellement public en un temps de crise économique et de restriction budgétaire. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. C’est qu’il résiste mieux que les autres aux lois du marché qui cannibalisent un peu partout le champ culturel. Surtout, le corps de l’acteur est tout le contraire de ces corps dociles qu’évoquait Foucault pour définir le biopouvoir. De Meyerhold à Kantor, le corps de l’acteur a fini par éclipser l’acteur lui-même, dans sa rébellion croissante contre les pouvoirs. Cette ample méditation, qui montrera entre autres le seul film connu sur le travail de Meyerhold, authentique incunable de l’art dramatique, est une exceptionnelle occasion d’interroger le modèle théâtral de la résistance politique.
 
Spécialiste de Meyerhold, dont elle a publié les écrits sur le théâtre (publication monumentale qui a fait date), Béatrice Picon-Vallin s’est illustrée par ses nombreux travaux sur le théâtre russe, qui lui valent une grande notoriété internationale. Mais elle a aussi consacré, dans une très riche bibliographie, qui scrute notamment l’évolution théorique et technique de la mise en scène, des essais majeurs au théâtre contemporain, de Lioubimov à Lupa, dans cette Europe de l’Est qui est devenue de longue date, avec les vicissitudes de l’histoire, le lieu privilégié de l’innovation scénique et de la subversion culturelle.