Viande et modernité. Zola, Courbet, Proudhon

Mercredi 16 mars
17h30

Salle Giorgio Vasari
Institut national d'histoire de l'art
2 rue vivienne - 75002 Paris
Accès : 6 rue des Petits Champs

Claude Lantier est un personnage de la saga des Rougon-Macquart dont on se rappelle surtout le destin tragique de peintre raté qu'il connaît dans L'œuvre. Toutefois, dans Le Ventre de Paris que Zola conçoit comme une variante pondérale de la lutte des classes, comme une guerre entre les Gros et les Maigres, Lantier connaît de meilleurs jours alors qu'il réalise ce qu'il considèrera comme son « chef d'œuvre » : un étalage de boucherie où trône en gloire le ventre d'une dinde. Il est facile de reconnaître dans le fonctionnement rhétorique de cet épisode une mise en abîme de l'œuvre et un emblème de la modernité esthétique. Or cette association entre viande et modernité, pour originale qu'elle paraisse dans Le Ventre de Paris, constitue en fait un motif de prédilection du débat esthétique autour du réalisme et il convient d'en saisir l'émergence chez Murger, Couture et d'autres, si l'on veut pleinement comprendre les dessous de la vitrine scandaleuse et l'appropriation satirique qui s'y joue.

Johanne Lamoureux est professeur titulaire et directrice du département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques de l'Université de Montréal. De 1998 à 2003, elle a été commissaire invitée au Musée national des beaux-arts du Québec où elle a réalisé deux expositions accompagnées d'un catalogue bilingue : Irene F. Whittome. Bio-Fictions et Doublures. Vêtements de l'art contemporain. Elle a publié en 2001 L'art insituable. De l'ins itu et autres sites.

Contacts : maud.brionne@inha.fr et angela.julibert@inha.fr