Utopie, ville et paysage dans le monde anglophone

Vendredi 11 et samedi 12 juin 2010
46 rue Saint-Jacques
Amphi Quinet
75005 Paris

Les textes utopiques en langue anglaise offrent un très vaste corpus, inauguré par l'Utopia de Thomas More (1516). Ce corpus a déjà été étudié comme contribution aux idéologies politiques (Morton, 1938 ; Venturi, 1971 ; Schaer et Claeys, 2000 ; Appelbaum, 2002). Mais aussi très largement comme genre littéraire polymorphe (Dupont, 1941 ; Rees, 1995 ; Fernes, 1999). Plus récemment dans son rapport avec la perception de l'espace global (Racault, 2003). Le présent colloque aborde les textes utopiques en langue anglaise (principalement britanniques et américains) dans leur rapport à l'espace urbain et rural. L'hostilité à la ville est une tradition vieille de plusieurs siècles dans le monde anglophone, et les textes ou projets utopiques se présentent souvent comme une réponse globale à la dystopie urbaine. S'agit-il d'une stratégie de fuite passéiste ou d'une invention fertile de la civilisation future ? La réponse peut se lire à travers l'étude des espaces visuels imaginés.

A partir du vaste corpus de textes et d'illustrations (souvent méconnues) se rattachant à l'utopie dans le monde anglophone, le colloque, rassemblant historiens des idées, des civilisations et des arts, ainsi que géographes et urbanistes, se propose d'explorer la pensée de l'espace qui est impliquée dans ce double discours à la fois critique et prospectif.

Le rapport des sociétés utopiques à leur territoire imaginaire sera évidemment au centre du projet du colloque. Le rapport économique ville/territoire est crucial : qui travaille, où et à quoi ? Dans le contexte britannique d'une nation commerçante et bientôt industrielle, comment l'usage idéal du territoire est-il conçu ? Quelle place y tient la ville, et quel est son rapport au territoire ?

Les communications ayant trait aux 17e et 18e siècles portent sur le rapport entre Etat, cité et territoire, dans une perspective qui est moins politique d'économique. Comment se négocient dans l'utopie les révolutions agricole et industrielle qui bouleversent les pays réels à cette époque ? La réflexion sur le paysage réunit les participants sur le 19e siècle. Comment le modèle idéal du jardin paysager s'articule-t-il avec un projet de société ? Représente-t-il une alternative à la ville moderne taxée de tous les maux ?

L'Amérique et, à un moindre degré l'Irlande, sont l'objet de travaux sur le rapport entre le territoire concret et son imaginaire, qu'il soit textuel ou iconographique. Le rapport à l'espace se décline diversement, l'espace étant conçu tantôt comme lieu de production de richesses, comme lieu de résidence inédit, mi-rural mi-urbain, mais aussi comme lieu de loisir.

L'architecture, enfin, est au cœur de la problématique utopique, dans sa contestation du modernisme des années 1920 et de l'urbanisme des années 1980. Le discours utopique tient-il compte de la diversité des identités urbaines de notre temps, de la ville européenne de services à la mégalopole post-coloniale ? La planification traditionnelle est-elle la seule réponse aux problèmes de la promiscuité urbaine, de la santé publique, de la qualité de vie ?

Programme

Centre d'études urbaines dans le monde anglophone

Contact : laurent.chatel@paris-sorbonne.fr

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