Séminaire commun du Centre d’histoire et théorie des arts

9 janvier - 15 mai 2013
10h-12h
Salle Walter Benjamin
2, rue Vivienne
75002 Paris

Accès : 6 rue des Petits-Champs
entrée libre



Le séminaire commun du Centre d'histoire et théorie des arts (Cehta/Cral) propose en 2013 cinq exposés aux sujets très divers allant des dispositifs propres à l'image en mouvement à la disposition des images dans l'espace ecclésial à l'époque romane. Il s'agit de cinq propositions de frontière aussi bien sur le plan des objets que du point de vue de la méthode. À côté d'Éric Michaud, de François Lissarrague et de Jean-Claude Bonne, membres du Cehta, nous avons souhaité inviter des membres du Groupe d'Anthropologie de l'Occident Médiéval (Gahom/Crh) avec qui nous avons une collaboration étroite et de longue durée. Raymond Bellour, Directeur de recherche émérite au Cnrs/Cral, discutera avec nous de quelques aspects de son dernier livre, alors que Rémi Labrusse, Professeur à l'Université de Paris 10, proposera une réflexion sur le rapport entre l'ornement et la crise de la subjectivité à l'époque de l'industrialisation.


9 janvier 2013
Raymond Bellour
La Querelle des dispositifs. Cinéma - installations, expositions

Pourquoi il ne faut pas confondre, comme on tend trop souvent à le faire, l'image en mouvement du cinéma et les images en mouvement des installations de l'art contemporain.

6 février 2013
François Lissarrague
Anéantir Troie : une esthétique du massacre


Parmi les épisodes relatifs à la chute de Troie, les imagiers attiques ont particulièrement élaboré la mort de Priam à l'autel, faisant de la cité un oilos et de la prise de la ville un outrage aux dieux. Quelle valeur donner à ces choix iconographiques et quel statut attribuer à une telle esthétique de la violence ?

6 mars 2013
Rémi Labrusse
L'ornement : théories et apories


Comment, pourquoi, jusqu'à quel point la pensée de l'ornement a-t-elle constitué, dans l'Europe industrielle, la caisse de résonance d'une autre pensée : celle des rapports tragiques entre culture matérielle et subjectivité ? En quoi la crise de la subjectivité a-t-elle trouvé un terrain de formulation à la fois évanescent et obsessionnel dans la quête de cette cristallisation mentale et formelle toujours fuyante qu'on nomme à l'envi « ornement » sans parvenir à la définir ni à la juger ? Tantôt considéré du dehors en tant qu'accident ontologique, stade appauvri et périphérique de l'être, tantôt considéré du dedans en tant que manifestation épiphanique d'un travail subjectif, tantôt le résultat d'un projet, tantôt l'expression d'une pulsion, l'ornement échappe obstinément à sa représentation, de Semper à Loos en passant par Marx.

3 avril 2013
Éric Michaud
Automimésis et dieux autoportraits (XVIIIe-XXe siècles)

Ogni dipintore dipinge se — Tout peintre se peint soi-même — était une formule courante dans la Florence de la fin du Quattrocento. Lorsqu'au milieu du XVIIIe siècle ce thème de l'automimésis fait retour chez Winckelmann, le concept en est bien différent. Ce n'est plus un individu qui se peint dans ses figures, c'est un peuple ou une race : les artistes, écrit-il, "ont toujours donné à leurs figures la physionomie propre à leur nation". On suivra les conséquences de ce changement d'échelle dans les "racial portraits" de l'archéologie qui, au XXe siècle encore, cherchait à fonder la réalité des races sur les fictions de l'art.

15 mai 2013
Jérôme Baschet, Jean-Claude Bonne, Pierre-Olivier Dittmar
Agencement des images et efficace du lieu rituel. Cartographies romanes


On s'efforcera de préciser les enjeux de la notion d'agencement que nous proposons pour repenser la disposition des images dans l'espace ecclésial à l'époque romane. Il s'agit, en nous appuyant sur une méthode cartographique originale, de cerner les rapports de leurs rapports avec la configuration du lieu rituel et, par là, les diverses manières par lesquelles elles contribuent à son efficace socio-liturgique.



Fondé par Hubert Damisch en 1977, le Centre d'histoire et théorie des arts (Cehta) de l'École des hautes études en sciences sociales est un lieu d'échanges féconds entre l'histoire de l'art et l'ensemble des sciences humaines. Son intitulé renvoie au propos de son fondateur selon lequel « on ne saurait faire de l'histoire qu'au prix de quelques théories, et de la théorie qu'au prix de beaucoup d'histoire ». Louis Marin et Jean-Claude Bonne ont été les premiers membres du centre. Georges Didi-Huberman, Daniel Arasse, François Lissarrague, Jacques Aumont, Éric Michaud, André Gunthert et Giovanni Careri les ont rejoints pendant les années 90. Le Cehta se nourrit d'abord des relations avec son environnement immédiat le Centre de recherche sur les arts et le langage (Cral), dont il est une composante depuis 2007, ainsi que les autres centres de l'École des hautes études en sciences sociales. Ses interlocuteurs naturels ont toujours été des historiens ouverts à d'autres disciplines, mais aussi des philosophes, des anthropologues et des sémioticiens. Ces connexions ont été très marquées au moment de la fondation du centre par les méthodologies structuralistes, notamment l'anthropologie structurale, la sémiotique, les théories du langage. À ces référents théoriques, il faut ajouter des approches analytiques freudiennes et lacaniennes, notamment l'élaboration psychanalytique de l'analyse du travail du rêve, mais aussi de la symptomatologie de la culture et de l'art, ainsi que l'étude des pratiques iconographiques caractéristiques de la période contemporaine.