Photographie et Corps politiques

vendredi 20 et samedi 21 octobre 2006
9h-18h

Auditorium
Institut National d'Histoire de l'Art
2, rue Vivienne
75002 Paris
accès : 6 rue des petits champs

entrée libre dans la limite des places disponibles

Sous la direction de François Soulages, Professeur des Universités (Université Paris 8 & Institut National d'Histoire de l'Art)

Conception : Catherine Couanet, François Soulages & Marc Tamisier

Ce colloque est réalisé sous l'égide de AIAC (Art des images & art contemporain), l'Equipe de recherche EA 4010 de l'Université Paris 8, RETINA (Recherches Esthétiques & Théorétiques des Images Nouvelles & Anciennes) & OICT (Observatoire International du Corps Transformé).

Organisation : Catherine Couanet, Sandrine Mahieu, François Soulages, Marc Tamisier & Julien Verhaeghe

Pourquoi et comment la photographie transforme-t-elle les corps photographiés et les corps photographiables, bref les corps de tous les êtres humains, en corps politiques, souvent malgré eux ? Et quels sont les effets de cette transformation sur les corps, sur la politique et sur la photographie ?

La photographie n'est pas qu'une aventure individuelle, privée et intime ; elle est aussi une pratique politique, publique et extime. C'est ce qui se joue dans les usages de la photographie (contemporaine) sans-art & de la photographie dans l'art (contemporain), dans leurs productions /créations, médiatisations/donations, communications/expositions, et consommations/réceptions. La photographie est donc habitée par cette double tension : à la fois politique & individuelle, publique & privée, intime & extime, à la fois art contemporain & sans-art. C'est ce double « à la fois » qui caractérise la photographie, d'autant plus qu'il s'articule à d'autres « à la fois » photographiques : à la fois le référent & le matériau photographique, à la fois le « ça a été » & le « ça a été joué », à la fois l'événement passé & les formes, à la fois le réel & l'imaginaire, à la fois la trace & le tracé, à la fois l'irréversible & l'inachevable, etc... C'est eu égard à ces « à la fois » qu'avec la photographie les corps sont politiques, que les corps & leurs images peuvent être interrogés, que la photographie & la politique se dialectisent, que la philosophie politique & l'esthétique sont articulées.

La photographie sans-art & la photographie dans l'art produisent cette politisation & cette publication des corps et de leurs images. Et ce, depuis que la photographie existe ; mais, aujourd'hui, avec une autre force, avec d'autres moyens, avec d'autres dangers. Les photos d'Abou Ghraib en Irak en sont exemplaires, l'absence de photos de corps du 11 septembre 2001 aussi : publication, censure et politique de la photographie des corps.

Par ailleurs, la photographie des corps et de leur sexualité peut conduire à des esthétiques qui ne sont pas sans rappeler ce qui se reconnaît de politique dans les rapports des sujets sexués, entre eux et le pouvoir. En explorant et en exploitant la photographie et ses dispositifs, les artistes (contemporains) travaillent ces problèmes, ces tensions et ces « à la fois » et proposent des méditations et des questionnements essentiels sur les corps politiques et/car photographiques. Un des enjeux est donc la liberté des corps, de leurs images et de leurs représentations &, corrélativement, le contrôle, la surveillance et l'assujettissement du corps politique et social.

En effet, pourquoi et comment la photographie peut-elle être utilisée tantôt comme critique du pouvoir sur les corps politiques, tantôt comme outil de ce pouvoir, tantôt comme pratique interrogeant du lieu de l'art les corps politiques, les corps et les politiques ? Ainsi le problème « Qu'est-ce que la photographie ? » engendre les problèmes « A qui appartient un corps ? », « Quel pouvoir peut avoir une image ? », « Que faire de la politique ? » & « Comment intervenir en partant de l'art ? ».

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