La villégiature nobiliaire en Haute-Normandie au XVIe siècle : le cas particulier des « villas en forme de châteaux »

mercredi 27 juin 2007
18h

Institut national d'histoire de l'art
Salle Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris
accès : 6 rue des Petits Champs

Longtemps, les historiens ont écrit l'histoire de l'architecture par l'étude des seuls grands chantiers royaux et princiers, au détriment des demeures de la petite et moyenne noblesse. Suivant le principe pyramidal de la société d'Ancien Régime, il était en effet admis que le roi et la cour, plus aptes à mettre en œuvre de nouvelles formes, donnaient le ton en France en matière d'architecture. Si cette image n'était pas fausse, il convenait toutefois de la nuancer et de la préciser. L'intérêt porté depuis une vingtaine d'années à l'architecture dite « médiane » et à ses commanditaires, champ d'investigation vaste et passionnant, y a contribué : les recherches menées dans le domaine offrent aujourd'hui une image moins floue de l'architecture française du « beau XVIe siècle ». Le cas de la province normande est exemplaire à ce titre. Dans un large « spectre » de demeures campagnardes se distingue en Haute-Normandie un groupe cohérent de « villas en forme de châteaux » (Jean Guillaume), petites maisons seigneuriales construites par des notables résidant en ville pour des séjours de loisir consacrés à la chasse, au repos, aux plaisirs intellectuels de la lecture et à l'agrément. L'étude de ce groupe permet de suivre, tout au long du siècle, les spectaculaires rebondissements de l'architecture de villégiature dont la campagne normande fut le théâtre. Car pour répondre à cette conception de la vie aux champs, qui n'est pas nouvelle mais doit remonter au XIIIe siècle, les commanditaires vont employer des dispositions et des formes sans précédent ou renouvelées. De fait, cette enquête, qui parfois conduit bien au-delà des frontières de la province normande et des limites temporelles du sujet, force à pousser plus loin la réflexion, sur la circulation des modèles, les liens entre commanditaires et les « continuités, ruptures et avatars » (Claude Mignot) de cette architecture. Elle oblige, enfin, à remettre en cause un certain nombre d'idées reçues sur l'architecture française, telle l'apparition du plan massé double en profondeur, de la « maison plate », sans fossés, ou encore du vestibule, pour ne citer que les formules destinées à faire souche.

Après quatre années passées à l'INHA comme chargé d'études et de recherche pour la réalisation d'une base de données sur les livres d'architectures des XVe-XVIe siècles, Xavier Pagazani s'apprête à soutenir sa thèse de doctorat sur Les demeures campagnardes de la petite et moyenne noblesse en Haute-Normandie (1450-1600), dirigée par Claude Mignot (Paris IV-Sorbonne/Centre André Chastel). Il collabore actuellement à l'exposition sur les Chapelles des Amboise, qui se tiendra à l'automne 2007 au Musée national de la Renaissance à Écouen et à l'hôtel de Cluny à Paris. Il a participé à plusieurs colloques et consacré de nombreux articles à l'architecture seigneuriale haut-normande des XVe et XVIe siècles, aux bibliothèques d'architectes et livres imprimés d'architecture.

Contact : programmation@inha.fr