La peinture romantique dans tous ses états : L’atelier de Léopold Robert (1794-1835), ses clients, ses critiques au XIXème siècle.

Lundi 15 mai, 22 mai, et 29 mai 2006
de 9h 30 à 11 heures

Salle d'histoire
2eme étage de l'escalier D
45 rue d'Ulm
75 013 Paris

Léopold Robert est un peintre romantique qui connut la gloire durant la monarchie de Juillet. Une exposition récente organisée par Olivier Bonfait (/Maesta di Roma/, Académie de France à Rome, 2003) l'a justement célébré, en lui restituant une place importante dans l'histoire de l'art au XIXème siècle. Cette importance historique est accentuée par un fait majeur, bien que trop peu connu : le peintre, écrivain doué, a laissé la plus volumineuse correspondance d'artiste existante en langue française pour la période considérée. Une documentation très riche permet donc de reconstruire en son entier le/ laboratoire/ de la peinture à l'époque romantique : production en atelier, systèmes de vente, enfin l'exposition aux Salons artistiques, devant un large public, et sous l'oeil impitoyable des critiques, écrivains et journalistes.

Léopold Robert naît aux Eplatures en 1794, dans une famille d'artisans, et dans une principauté, Neuchâtel, qui appartient alors au roi de Prusse. Robert a débuté comme simple apprenti-graveur, avant d'ambitionner une carrière de peintre. En 1810, il grossit la foule des élèves de Jacques-Louis David à Paris. La principauté de Neuchâtel, annexée à la France, est gouvernée par un prince français, le maréchal Berthier. Mais en 1815, sa nationalité française perdue par le retour de Neuchâtel dans le giron de la Prusse, Robert ne peut plus concourir pour le prix de Rome. Un mécène lui permet alors d'accomplir son voyage d'Italie, et de s'installer dans la cité des papes en 1818. Exclu du/ Cursus honorum/ classique, Robert conquiert sa célébrité aux Salons officiels de peinture à Paris. Pour vivre, il multiplie les petits tableaux pittoresques. Ils les vend aux touristes étrangers, tandis qu'il parvient à s'introduire dans les cercles aristocratiques. Ses propres tarifs deviendront très élevés. En 1831, il reçoit la légion d'honneur des mains de Louis-Philippe.

Le génie de Robert réside en ce qu'il a su tirer parti d'une faiblesse pourtant inquiétante chez un élève de l'école classique : son impuissance à composer de grandes machines historiques. Cette impuissance est aggravée par la tension qui existe, alors, entre les idéaux académiques et les lois du marché. De cette impuissance, il tire une force qui lui ouvrira les portes de la célébrité - à tel point que l'artiste ambitionnera d'apparaître comme le Nicolas Poussin de son siècle. Les trois conférences proposées tenteront de reconstituer cette configuration artistique, et sa composante historiographique - le peintre a su jouer avec talent sur les représentations anciennes et modernes de l'artiste. Un soin tout particulier sera accordé à l'étude du rôle que la critique d'art contemporaine conféra au peintre, des années 1819 à 1835, date de son suicide.