La femme-peintre au XVIIIe siècle : « Moi aussi, je suis peintre ! » Melissa L. Hyde, université de Floride, chercheur invité à l’INHA

Mardi 23 juin 2009
18h
Galerie Colbert
Salle Giorgio Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris

accès : 6 rue des Petits-Champs

Melissa Hyde est Associate Professor d'histoire de l'art à l'université de Floride.

Son travail récent inclut des articles pour les catalogues d'exposition Alexandre Roslin et Rococo : the continuing curve. Son ouvrage, Making up the rococo : François Boucher and his critics a été publié en 2006. Elle a aussi écrit et co-dirigé deux ouvrages collectifs, Women, Art and the politics of Identity in Eighteenth-Century Europe et Rethinking Boucher.
Melissa Hyde a bénéficié de nombreuses bourses post-doctorales dont celles de l'American Association of University Women et du Getty Research Institute ; plus récemment, elle a été fellow au Clark Art Institute. Melissa Hyde a également reçu de nombreux prix pour son enseignement à l'Université de Floride. En ce moment, elle écrit un livre sur les artistes femmes en France au XVIIIe siècle.

Chercheur invité à l'INHA, elle collabore au programme Histoire de l'histoire de l'art, coordonné par Anne Lafont.

À cette occasion, nous signalons qu'un colloque est organisé au musée des Beaux-Arts de Lyon, le 26 juin prochain :
Historiennes et critiques d'art à l'époque de Juliette Récamier

  • Résumé de la conférence qui se déroulera en anglais

Si l'on consulte les histoires de l'art français les plus diffusées, on peut penser qu'il n'existait pas d'artistes femmes en France avant la fin du XVIIIe siècle – à l'exception peut-être de Sophie Chéron, admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1672. En effet, Anne Vallayer-Coster, Élisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard furent admises à l'Académie dans les dernières décennies de l'Ancien Régime, période au cours de laquelle, elles commencèrent à exposer leurs tableaux, ce qui leur donna une visibilité remarquable dans le milieu de l'art parisien. Dans la mesure où les femmes peintres réussirent à s'imposer dans l'histoire de l'art du XVIIIe siècle, ces trois artistes furent certainement les mieux placées. Cependant, il en est de nombreuses autres, certaines d'entre elles aux ambitions professionnelles déclarées, qui accédèrent à différents niveaux de reconnaissance et d'estime.

Cette conférence portera sur divers exemples illustrant comment les femmes artistes, avec adresse, efficacité et variété, s'accommodèrent aux institutions et aux contraintes culturelles du monde de l'art contemporain. Je prendrai également en considération leurs tentatives avortées d'admission à l'Académie et j'analyserai les stratégies d'exposition – expression empruntée à Marcia Pointon : strategies for showing – que les femmes peintres adoptèrent pour promouvoir leurs œuvres et se faire reconnaître en tant qu'artistes. Il est évident que les autoportraits de Vigée-Lebrun et Labille-Guiard sont essentiels de ce point de vue. Cependant, comme je le montrerai, elles ne furent ni les premières ni les dernières à figurer au Salon. Je prendrai pour exemple l'astuce ingénieuse de l'académicien Antoine Vestier, qui introduisit sa fille au Salon de 1785, en exposant un grand portrait d'elle, représentée en train de peindre son autoportrait. Dans ce tableau, le mélange des identités et des subjectivités artistiques, jointes à la dynamique des questions d'auteur(e), permet d'aborder la complexité de l'implication des femmes dans la création, et dans le monde de l'art en général.