L’imagination radicale : Archivo Tucumán Arde et les avant-gardes argentines

Mardi 4 décembre 2007
14 h 30 – 17 h 30

Institut national d'histoire de l'art
Salle Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris
accès : 6 rue des Petits Champs

Table ronde organisée dans le cadre du cycle de conférences L'art contemporain et les savoirs hétérodoxes, programmé à l'occasion de l'exposition Martha Rosler Library.

Tucumán Arde (Tucumán brûle) demeure aujourd'hui l'une des expériences les plus significatives de l'art d'avant-garde en Amérique latine, constituant un horizon de références pour toute une génération de praticiens et de théoriciens. En 1968, Graciela Carnevale et d'autres membres d'un groupe d'artistes de Buenos Aires et de Rosario se rendent dans la province argentine de Tucumán, où la misère sévit suite à une vague de privatisations dans l'industrie sucrière. Comme le souligne l'historienne de l'art Ana Longoni, dans Di Tella a Tucumán Arde, l'ouvrage de référence qu'elle consacre au mouvement, le groupe entendait expérimenter les limites et les formes de sa propre pratique artistique en montant une campagne d'information socio-économique opposée à celle pratiquée par le gouvernement, voulant souligner le décalage entre la réalité sur le terrain et sa représentation médiatique. Collaborant avec des syndicalistes et réalisant des entretiens avec des habitants, les artistes constituent un fonds qu'ils exposeront d'abord à Rosario puis à Buenos Aires, où l'exposition – intitulée Première Biennale d'Art d'Avant-Garde – sera fermée quelques heures après l'inauguration. Si Graciela Carnevale, l'une des fondatrices de Tucumán Arde, fut par la suite obligée de détruire une partie des archives pour empêcher la police militaire de saisir le matériel documentaire et d'enquêter sur les liens entre artistes et militants, elle en a conservé certains éléments. Les archives de Tucumán Arde ont été montrées au Witte de With de Rotterdam et à la Documenta XII de Kassel. Elles sont exposées pour la première fois en France dans la ville de Rennes.

Lors de cette rencontre, proposée et animée par Stephen Wright (pensionnaire à l'INHA), Graciela Carnevale témoignera de cette expérience, qui tend aujourd'hui à prendre des proportions mythiques dans le domaine de l'art engagé. Ana Longoni, quant à elle, proposera un éclairage sur le contexte politique et artistique dans lequel cette intervention a eu lieu, établissant des liens avec ce qu'elle appelle « l'imagination radicale » à l'œuvre dans la production artistique en Amérique Latine aujourd'hui.

Avec Chantal Bideau (commissaire de l'exposition Costuras urbanas, comprenant les archives de Tucumán Arde, à Rennes) - Graciela Carnevale (artiste, Rosario) - Cécile Dazord (conservatrice au Centre de recherche et de restauration des musées de France, Paris) - Ana Longoni (historienne de l'art, Buenos Aires) - Suely Rolnik (psychanalyste, professeur à l'université de São Paulo).

Contact : programmation@inha.fr