Harmonie et mélodie dans l’Antiquité

Salle Dussane, Ecole Normale Supérieure
45, rue d'Ulm
75005 Paris

Pris dans leurs sens techniques actuels, les notions d'harmonie et de mélodie réfèrent à deux pratiques musicales qui s'opposent et se complètent. L'harmonie est l'écriture verticale de la musique, fondée sur des accords, tandis que la mélodie représente l'aspect horizontal, caractérisé par la succession des intervalles dans le temps. Ces concepts sont au coeur de la conception moderne, et même occidentale, de la musique. Ils jouent aussi un rôle clef dans la musique de l'Antiquité, mais dans une esthétique qui refuse, à de très rares expressions près, la polyphonie, ils ne sauraient avoir la même acception. Ce colloque se donne pour objectif d'étudier le sens premier de ces deux termes, harmonia et melôidia, afin de voir comment ils peuvent néanmoins s'articuler l'un avec l'autre en dehors de toute représentation moderne de la musique. L'harmonie, en Grèce et à Rome, ne saurait se réduire au seul champ esthétique. Si aujourd'hui on parle volontiers d'harmonie dans un sens métaphorique, le terme antique revêt des acceptions bien plus techniques. Aussi certaines communications examineront quel usage les philosophes et les scientifiques en font, que ce soit dans les domaines des rapports sociaux, de la politique, de la médecine. L'harmonie trouvait une application jusque dans la gromatique. Naturellement, on ne négligera pas le sens technique musical d'harmonie à l'époque archaïque. Ce qui domine dans ce concept, c'est l'idée d'un arrangement. Mais quand l'harmonique se constitue comme science, elle ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le mélos, l'évolution de la mélodie. Ainsi se créent des critères qui font que tel ou tel arrangement des notes est recevable ou non, opposant ainsi l'emmélès à l'ekmélès. C'est à partir de là que s'établissent les critères qui définissent l'harmonie au sein de la mélodie, oscillant entre la rationalisation numérique, héritée de Pythagore de Samos, et le primat de la perception, revendiquée par Aristoxène de Tarente. Ces considérations théoriques, contemporaines de la création d'un tout nouveau système musical, mais reprises sans cesse jusqu'à la fin de l'Antiquité, seront mises en perspective avec des partitions conservées.

Avec le soutien du Département des Sciences de l'Antiquité de l'Ecole Normale Supérieure, de l'UMR AOROC (ENS-CNRS) et de la Direction de l'Ecole Normale Supérieure.



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