Goya graveur

13 mars - 8 juin 2008

Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828) fut non seulement l'un des plus grands maîtres de la peinture européenne, mais aussi l'un des plus grands graveurs de tous les temps. Homme du XVIIIe siècle imprégné de la philosophie des Lumières, il fut l'incomparable témoin des années qui comptent parmi les plus sombres de l'histoire de son pays, – ce que révèlent ses estampes plus encore que ses tableaux. Et si c'est grâce à la peinture qu'il connut la gloire à la Cour d'Espagne, où il devint premier peintre du Roi, c'est grâce à la gravure qu'il put s'exprimer avec le plus de force, de conviction et de naturel.

Avec l'exposition Goya graveur, le Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris rend hommage à cette partie décisive de son œuvre. Organisée avec la participation de l'INHA, cette présentation des plus belles estampes du maître est l'occasion de découvrir les épreuves exceptionnelles appartenant à deux collections très prestigieuses : celle des frères Dutuit léguée en 1902 au Petit Palais, et celle que le grand couturier Jacques Doucet offrit à l'université de Paris en 1918 et qui est aujourd'hui conservée à l'INHA. S'y ajoutent des planches rares de la Bibliothèque nationale de France, de la Bibliothèque nationale d'Espagne et de diverses institutions étrangères.

Environ 210 estampes de Goya sont exposées, depuis ses premiers essais de graveur avec des copies d'après Vélasquez, réalisées en 1778, alors qu'il dessinait des cartons de tapisseries pour la Manufacture royale d'Espagne, jusqu'aux ultimes Taureaux de Bordeaux (1825), pour lesquels le vieil artiste exilé en France utilise avec une liberté étonnante la technique de la lithographie, découverte depuis peu. Les célèbres séries des Caprices, des Désastres de la Guerre, de la Tauromachie et des Disparates constituent évidemment l'essentiel du parcours de l'exposition, qui traite aussi du goût des amateurs et des collectionneurs français pour les estampes de l'artiste et de la diffusion de celles-ci en France. Les nombreuses « relectures » dont son œuvre gravé a fait l'objet seront représentées par des dessins et des estampes d'artistes français qui s'en inspirèrent directement, parmi lesquels Eugène Delacroix, Édouard Manet et Odilon Redon.