« En quête de programme (suite) »

Bible de Sancho el Fuerte, roi de Navarre, Pampelune, 1197 Amiens, Bibl. mun., ms. 108, f. 56

2ème journée d'études sur la notion de programme appliquée à l'art médiéval : Haut Moyen Âge et époque romane

15 mars 2008
9h-17h

Galerie Colbert
salle Perrot - 2ème étage
2 rue Vivienne
75002 paris
accès : 6 rue des Petits Champs

Entrée libre.

  • mguillouet@gmail.com
  • rabel@cnrs-orleans.fr

Contacts :

En novembre 2006 nous nous sommes interrogés sur la pertinence de la notion de programme pour l'étude de l'art médiéval à l'époque gothique. L'absence fréquente de sources textuelles éclairant le pourquoi et le comment de l'œuvre ou de l'ensemble étudié (vitraux, sculptures, peintures murales, manuscrit enluminé, etc.) conduit souvent le chercheur à solliciter d'autres indices et, ce faisant, à supposer l'existence préalable d'un « programme » – terme fréquemment utilisé dans les titres de publications – qui non seulement précéderait la création, mais aussi conditionnerait sa réalisation et, ensuite, aiderait à la comprendre. Trouver un sens à l'objet étudié est un défi propre à toute démarche historique. Mais est-il pour autant légitime d'employer le terme de « programme » en parlant du Moyen âge ? Y-a-t-il vraiment une « pensée programmatique » chez les artistes et les commanditaires médiévaux et, si oui, par quels mots et par quels concepts s'exprime-t-elle ? Quels sont les « garde-fous », épistémologiques et méthodologiques, pour éviter des sur-lectures aboutissant à des constructions fragiles ou chimériques, sans rapport avec les conditions, les enjeux et les réalités de la création artistique médiévale ?

Lors de la journée d'étude de 2006, une mise au point sur l'histoire du mot et du concept même de « programme » a été suivie de la présentation de six dossiers concernant les XIIIe-XVe siècles : architecture, sculpture, peinture murale, manuscrits enluminés et tapisserie, vitraux et, à titre de comparaison, littérature. A l'issue de la journée, la réponse à la question initiale a été un « oui… mais » nuancé. Du point de vue lexical, parler de « programme » est certes un anachronisme, mais l'emploi du terme en tant que mot-outil conceptuel a semblé justifié. Cependant, plusieurs points abordés dans la discussion ont paru devoir être approfondis : quel lien entre « pensée programmatique » et « programme » ? entre modèles ou codes traditionnels et « programme » ? celui-ci ne concerne-t-il que des chefs-d'œuvre ? n'existe-t-il que lorsqu'il y a nouveauté, ou tout au moins une actualité précise ? quel est l'enjeu des techniques et matériaux employés pour le réaliser ? comment identifier – et non pas inventer – les différents acteurs d'un « programme », du concepteur au récepteur, et distinguer leurs rôles respectifs ? que peut être la cohérence d'un « programme » et de ses réalisations pour une période – le Moyen âge – dont le système de pensée analogique diffère si profondément du nôtre ?

L'intérêt suscité par cette première journée nous conduit à organiser une seconde rencontre, « en quête de programme » dans l'art et l'architecture du haut Moyen Âge et de l'époque romane et, à titre de comparaison, dans l'écriture hagiographique. Plus encore qu'aux périodes ultérieures, l'absence de documentation écrite oblige à la prudence dans la recherche d'une éventuelle « volonté programmatique ». Les pertes plus grandes subies par le patrimoine de ces périodes rendent impossible une analyse sérielle des œuvres conservées. De ce fait, identifier un « programme » à partir de différences avec la production courante est plus difficile que pour la fin du Moyen âge. En revanche, le contexte historique propre aux empires carolingien et ottonien a indéniablement favorisé la création d'œuvres directement liées à la volonté politique, idéologique ou théologique d'un pouvoir central, la renovatio imperii de Charlemagne en étant la manifestation la plus éclatante.

Nous vous proposons donc de reprendre ensemble notre réflexion sur ces différentes questions – et sans doute sur beaucoup d'autres que suscitera la synergie collective. Cette seconde journée d'étude sera de nouveau articulée autour d'un nombre limité de dossiers afin de privilégier le temps de la discussion. Une attention particulière sera portée aux enjeux historiographiques et méthodologiques. Ils aideront à mieux comprendre les mécanismes de la démarche de l'historien de l'art médiéviste qui postule l'existence d'un éventuel « programme », déterminant la création et la signification de l'œuvre étudiée. En 2006, nous avons même été conduits à nous interroger sur notre profession et à nous demander pourquoi nous éprouvions le besoin de débattre d'un tel problème. Cette même question, liée à la légitimité de la notion de « programme », sera-t-elle perçue avec la même acuité par les spécialistes de l'art médiéval antérieur à l'époque gothique… ?

Programme :

MATIN (9h– 13h)

9h15-10h00 – Introduction (Claudia Rabel et Jean-Marie Guillouët)

10h00-10h45 – François Héber-Suffrin : Autels, reliques et structuration de l'espace monastique : l'exemple de Saint-Riquier

10h45-11h15 – Pause

11h15-12h00 – Christian Sapin : Architecture et décor à Saint-Germain d'Auxerre au IXe siècle : un - ou des programmes adaptés ?

12h00-12h45 – Anne Wagner : Ecriture hagiographique et topographie urbaine dans l'Empire aux XIe et XIIe siècles : l'exemple de Toul et de Paderborn

APRES-MIDI (14h30 – 17h30)

14h30-15h15 – Patricia Stirnemann : Quel programme pour quel public ? Le Psautier de Saint-Alban et d'autres célèbres manuscrits revisited

15h15-16h00 – Michel Pastoureau : La broderie de Bayeux : un programme exemplaire ?

16h00-16h45 – Robert Maxwell : La sculpture romane et ses programmes : questions de méthode

16h45-17h00 – Conclusions (Michel Pastoureau)

Nous terminerons la journée autour d'un verre amical.