De l’ornement arabe à la science de la « Graphique ».

Cote : BINHA, 00202 C 0001 8°

Jeudi 7 février 2008
11h – 18h

Institut national d'histoire de l'art
Salle Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris
accès : 6 rue des Petis Champs

Au fil d'un parcours singulier, Jules Bourgoin a consacré l'essentiel de son existence à dessiner et à penser l'ornement. L'ensemble de l'activité de cet architecte formé à l'atelier Constant-Dufeux, incluant ses relevés et missions scientifiques au Moyen-Orient, son enseignement et ses ouvrages, pourrait être relu comme une exploration suivie. Puisant ses origines dans ses enquêtes sur l'art islamique, elle avance ensuite au travers d'une série d'emprunts à d'autres champs de savoirs pour élaborer, à partir de l'étude de l'ornement, une théorie de la forme à l'ambition plus vaste. Les dernières années de sa vie sont consacrées à établir une nouvelle science, la « Graphique » ou « science de l'écriture figurative », objet d'un traité en trois volumes publiés entre 1901 et 1905.
La démarche de Jules Bourgoin apparaît, en première hypothèse, comme une quête relativement isolée. Elle n'en participe pas moins du renouvellement des intérêts des architectes en cette seconde moitié du XIXe siècle : l'ouverture aux terrains extra-occidentaux, l'appropriation de modèles épistémologiques issus des sciences naturelles ou des sciences du langage, la promotion des arts industriels et du dessin.
La masse documentaire liée à Jules Bourgoin, répartie en différents fonds et peu exploitée à ce jour, permet de reconstituer un parcours intellectuel encore mal connu. Elle aide à comprendre le contexte culturel de la fin du XIXe siècle et le rôle contemporain du dessin : la contribution des discours sur l'ornement à l'évolution des théories de l'art et de l'architecture, les débats sur les hiérarchies en art, la place de l'archéologie et l'ouverture aux traditions artistiques orientales. Elle illustre aussi la réceptivité d'architectes issus de la culture « Beaux-Arts » à un horizon disciplinaire et scientifique bien plus large. Enfin la portée de l'entreprise de Jules Bourgoin reste à évaluer. Si son apport dans le domaine de l'archéologie orientale semble à première vue ténu, ses ouvrages ont fourni des modèles conceptuels. Evoqués par Aloïs Riegl et André Lurçat, ils participent de la construction de méthodes d'analyse formelle. Ses travaux sont aujourd'hui considérés comme importants pour la genèse de l'abstraction. Première initiative de lancement d'un programme de recherches autour de Jules Bourgoin, la journée vise à replacer ce parcours intellectuel dans son contexte et à cerner les interactions entre les différentes facettes de l'activité de l'architecte. Il s'agit d'interroger sa production intellectuelle, dessinée et publiée, dans son élaboration comme dans sa réception.

Journée coordonnée par Pierre Bourlier (École nationale supérieure d'architecture de Paris Malaquais), Estelle Thibault (École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville) et Mercedes Volait (CNRS, Citeres).

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