Crise du classicisme hollywoodien (1950-1970) : des possibilités d’un geste en mutation

Mercredi 10 mars 2010
17h-20h
Galerie Colbert
Salle Fabri de Pereisc (rdc)
2 rue Vivienne
75002 Paris

Entrée libre et gratuite

Accès : 6 rue des Petits-Champs

Séminaire « Hollywood - recherches en cours »

Université Paris-Diderot/Paris 7
Organisation : Jacqueline Nacache
jacqueline.nacache@univ-paris-diderot.fr

par Renan CROS

Crise du classicisme hollywoodien (1950-1970) : des possibilités d'un geste en mutation


Il s'agit ici d'étudier la notion de « classicisme hollywoodien » en repartant du rapprochement fondamental des deux termes. Adouber du terme classique l'industrie hollywoodienne, c'est tout à la fois lui donner une reconnaissance esthétique, une valeur d'idéal, et donner un sens, et donc une direction à une potentielle histoire du cinéma.
Cette dichotomie pose toute la difficulté du sujet et oblige le chercheur à prendre position. Le cinéma classique hollywoodien : période historique ou mouvement esthétique ? La catégorisation du cinéma hollywoodien dépend d'une périodisation, c'est-à-dire d'une datation historique qui viserait à donner un sens à l'histoire et donc admettre une évolution stylistique possible, liée ou non avec l'évolution des techniques. Dès lors, la difficulté d'une datation unique provient donc de la perception de chacun, selon la primauté que l'on donne à l'industrie, aux techniques ou aux formes filmiques. Pluralité des points de vue qui témoigne de la complexité de l'objet. Il faut donc dépasser cette relativité « historique » pour affronter plus directement la question des œuvres et étudier le devenir de la forme classique et apprécier ainsi l'étonnante capacité du cinéma hollywoodien à formuler par les œuvres un discours tout à la fois critique et théorique sur lui-même. Car, si l'avènement du cinéma classique passe par une maîtrise évidente de la technique, il faut s'interroger non pas tant sur les causes que sur l'effectivité d'une disparition d'une forme classique hollywoodienne à l'orée des années 1950.
Plus qu'un problème de périodisation, interroger la mort du classicisme devient un enjeu de dénomination. Que deviendrait une forme qui ne serait plus classique ? Que perd-elle ? En quoi se transforme-t-elle ? En choisissant d'inscrire cette crise du classicisme hollywoodien non pas dans une histoire économique mais au cœur de l'histoire de l'art, où l'étude des formes croise celle des évolutions techniques, on dépasse le problème de périodisation pour se confronter plus directement à la possibilité d'une dynamique classique, à l'œuvre dans les films, directement issus d'une idée du processus hégélien. A partir des propositions méthodologiques d'Aby Warburg, fondateur d'une « iconologie critique » et inspirateur de Panofsky, il s'agira de penser le devenir du classicisme, non pas en termes de rupture mais bien comme une fluctuation de formes, un ensemble de mutations à l'œuvre. Fondateur d'une histoire de l'art sans texte où le rapprochement des œuvres créée le discours sur l'évolution de la forme, Aby Warburg fait la proposition d'une recherche en mouvement qui doit se départir de toutes les périodisations et les catégorisations. Dès lors, à la recherche de la survivance du classicisme dans le cinéma hollywoodien à partir de 1950, tout comme Warburg fut à la recherche des survivances de l'antique dans l'art renaissant, nous verrons comment l'étude de l'évolution du classicisme hollywoodien peut s'émanciper des catégories classique / baroque / moderne, inefficientes au cœur de formes éminemment plus dynamiques et mobiles. Le geste classique hollywoodien se prolonge au cœur de formes en mouvement, à même de s'adapter au renouveau (technologie, modernités européennes).
Pour affirmer cette adaptabilité du classicisme hollywoodien, nous étudierons la question typiquement warburgienne, du déguisement, du masque comme geste classique mutant à l'œuvre dans différents exemples pris au cœur des années 1960.

  • Filmographie et bibliographie

Renan Cros, doctorant en cinéma à Paris-Diderot, est titulaire d'un master 2 sur la réflexivité et la théâtralité dans le cinéma classique hollywoodien. Il est actuellement chargé de cours à Paris III-Sorbonne Nouvelle et à Paris-Diderot/Paris 7.

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