Art et commerce en Grande-Bretagne XVIIIe - XXIe siècles

23 et 24 avril 2009
Université Rennes 2 - Haute Bretagne
Place du recteur Henri le Moal
Amphi L3
35000 Rennes

L'équipe d'accueil ACE (Anglophonie : Communautés, Ecritures), dans le cadre de sa problématique de recherche actuelle « Discours, idéologie dans les cultures de langue anglaise », organise en avril 2009 un colloque international sur la question du rapport entre commerce et art en Grande-Bretagne. Replacés dans une perspective historique longue de trois siècles, les rapports complexes unissant ou divisant pratiques artistiques et pratiques commerciales dans les îles britanniques seront abordés par des spécialistes de l'art britannique venus du monde entier.

L'histoire de ces liens réputés étroits dans le contexte britannique démarre au lendemain de la Révolution Glorieuse lorsqu'un vaste public issu des classes moyennes accède soudain à la consommation culturelle et que naît une tradition graphique et plastique véritablement autochtone. A la faveur d'une prospérité économique en grande partie due à l'intense activité commerciale du pays, et en l'absence d'un mécénat aristocratique à la hauteur de celui de ses voisins français et italiens, les artistes britanniques ont à traiter avec de tout nouveaux acheteurs. La nature même de ce nouveau mécénat bourgeois aux allures de clientèle, ainsi que ses attentes changeantes, vont donner une inflexion nouvelle à la production artistique, avec l'apparition par exemple du genre de la « conversation ».

La peinture de genre caractéristique de l'époque victorienne doit elle aussi en grande partie sa popularité aux goûts et au pouvoir d'achat spécifiques d'une nouvelle classe de collectionneurs qui apparaît au début du siècle. Ces marchands et entrepreneurs enrichis par la Révolution Industrielle et qui n'avaient ni formation artistique classique ni expérience du Grand Tour se mirent à investir dans des collections d'artistes vivants, peignant des sujets quotidiens ou religieux au caractère narratif. Une inflexion qui se traduira jusque dans le format réduit de tableaux destinés à édifier le spectateur au sein même de la maison. Cette incidence formelle du développement commercial du pays sur sa production artistique s'étendra à des considérations plus générales de goût national quand, au tout début du XXe siècle, Roger Fry déplore le philistinisme endémique qui sclérose l'art britannique. L'accusation de philistinisme, héritée de ces préoccupations marchandes, courra jusqu'à la fin du XXe siècle et s'accompagnera d'une certaine condescendance pour un art national dépassé et décentré par son cousin américain et peu visible sur une scène qui s'internationalise.

L'étroitesse des rapports entre art et marché, aussi bien au niveau formel que structurel, ressurgit comme thématique à la fin du XXe siècle et c'est dans ce contexte que Damien Hirst se fait fer de lance d'une nouvelle reconnaissance nationale et affirme, par l'argent, dans des ventes aux enchères et par des prix records, le statut de l'art contemporain britannique sur la scène internationale.

Nos intervenants aborderont les questions de sociabilité, de soutien comme de dépendance soulevées dans ce contexte particulier. Ils exposeront le rôle des institutions face à ces questions, la place de certains marchands ou graveurs ou encore le développement d'une peinture de genre, du XVIIIe siècle, moment de la naissance d'une école nationale, aux problématiques contemporaines du début du XXIe siècle, jusqu'à interroger l'impact actuel de la crise économique sur le marché de l'art britannique.

Les débats se dérouleront en anglais.

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