L’INHA au service de l’éducation artistique et culturelle

Abbatial de Saint-Maurice, Clohars-Carnouët (Finistère) ©VB

Alors que l’histoire des arts a fait son entrée dans les programmes scolaires et que l’éducation artistique et culturelle s’est affirmée comme l’une des priorités des politiques publiques, l’INHA s’est fortement investi au côté des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale et de la jeunesse en rédigeant un vade-mecum et en mettant à disposition une carte en ligne sur le patrimoine de proximité à destination des enseignants du primaire.

Sollicité par le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse Jean-Michel Blanquer, l’INHA est devenu un de ses partenaires pour l’enseignement de l’histoire des arts à l’école. Outre le co-pilotage par Éric de Chassey, son Directeur général, du comité chargé de proposer les nouveaux programmes d’histoire des arts au lycée, il a assuré la direction et le suivi de la rédaction d’un vade-mecum sur le patrimoine de proximité, destiné aux enseignants du premier degré, accompagné d’outils concrets. Ce vade-mecum a pour ambition de fournir une boîte à outils qui facilite les démarches des professeurs des écoles dans l’approche scolaire de la découverte du patrimoine.

Revenir sur une définition du patrimoine

Le patrimoine, ce sont des monuments, des œuvres, des sites dont la valeur est remarquable du point de vue historique, artistique ou technique, venant du passé le plus lointain ou créés il y a peu. Il est le fruit d’un héritage et la notion de transmission lui est intimement liée. Il est présent sur tout le territoire national, aussi bien en Métropole que dans les Outre-mer. Les immeubles et objets mobiliers reconnus par l’État comme ayant un intérêt historique, artistique ou architectural particulièrement éminent sont protégés au titre des « monuments historiques », classés ou inscrits : aujourd’hui, environ 14 000 immeubles sont classés et 30 000 inscrits, environ 135 000 objets mobiliers sont classés et 150 000 inscrits. Mais le patrimoine de proximité ne se limite pas à eux. La moitié du patrimoine est publique, l’autre est privée (parfois ouvert à la visite, lors des Journées européennes du patrimoine ou selon un calendrier défini par son propriétaire).

Repérer l’objet de patrimoine

Il est néanmoins parfois difficile de se repérer et d’aller vers des objets mal identifiés ou que l’on s’imagine hors de portée. C’est dans ce même souci de favoriser un accès pour tous, et ce quel que soit le lieu de résidence d’un élève, que l’effort a été porté plus particulièrement sur la manière de rendre discernable la possible proximité du patrimoine dans toute l’étendue du territoire français.

Cette démarche permet de renforcer les échanges entre le professeur et l’élève. Ce passeur de connaissances prend le temps de donner les explications nécessaires sans fantôme d’écran mais grâce à l’édifice, l’objet concret. Regarder vraiment quelque chose nécessite du temps, de l’attention, une disposition du corps et de l’être, une ouverture au monde et aux autres.

Le patrimoine c’est sans conteste le Mont-Saint-Michel, le Familistère Godin, Notre-Dame de Paris, les tableaux conservés au Musée Fesch d’Ajaccio ou le pont du Gard mais c’est aussi la Cité Foch et le Terril Sainte-Henriette d’Hénin-Beaumont, le moulin à papier Richard de Bas d’Ambert ou le four solaire de Mont-Louis, le lavoir de Saint-Émilion, le phare d’Eckmühl, l’église russe de Champagne-sur-Seine, un château méconnu, une ancienne usine, un tableau dans une mairie, une sculpture sur une place, une réalisation architecturale ancienne ou récente remarquable, un jardin médiéval ou pittoresque.

Tous ces lieux sont là pour être explorés par les plus jeunes afin d’attiser leur curiosité, d’éveiller leur regard et leur permettre de s’en emparer, les agrégeant à leur histoire personnelle.

Donner des codes pour former le regard

La pratique du patrimoine de proximité suppose une éducation. Partir à sa rencontre c’est poser un regard attentif et averti sur son environnement culturel et son cadre de vie ; c’est apprendre à regarder cet environnement pour mieux le connaître et le comprendre ; c’est donc apprendre à voir. L’architecture et le patrimoine nous environnent, ils sont accessibles à tous et partout.

Pour que la rencontre d’un lieu ou d’un objet patrimonial, avec ses spécificités, soit un moment de plaisir, l’enjeu est de faire sentir à l’élève que le patrimoine est un objet bien vivant qu’il s’agit de comprendre dans son contexte passé et présent. Amener les élèves à être capables d’identifier, analyser, et situer les objets artistiques et patrimoniaux, c’est leur donner la possibilité de se les approprier, de les apprécier et même de les aimer.

Proposer des outils à destination des enseignants

Le guide méthodologique réalisé sous forme de fiches qui constituent le vade-mecum revient sur les grands objets du patrimoine (et plus précisément sur le patrimoine matériel), propose des pistes d’élaboration de projets sous forme de scénarios et propose aussi un lexique de description des édifices ainsi que des ressources bibliographiques. Pour accompagner ce document, l’INHA a collaboré avec le service de l’Inventaire afin de concevoir une carte de géolocalisation recensant le patrimoine de proximité. Cet outil numérique,  intégré à la Plateforme Ouverte du Patrimoine, ouvre un chantier de recension patrimoniale qui ne cessera d’être augmenté afin que chacun puisse être orienté dans un rayon de quelques kilomètres autour de lui vers la plus grande diversité d’objets d’étude et d’émerveillement. Cela permet au professeur d’établir une vaste typologie d’approches, articulées autour de la diversité des objets qu’il est possible de rencontrer et d’étudier.

Répondre à un enjeu civique et sociétal

Porteuse de connaissances, la rencontre avec le patrimoine de proximité constitue un levier pour l’égalité dans l’accès aux arts et à la culture. Fondamentale pour l’élève dans la construction progressive de sa propre culture, cette rencontre articule l’apprentissage de repères fondamentaux avec une initiation à une prise de position esthétique. Il permet de le doter d’un bagage culturel lui permettant de comprendre ce qui forme le cadre de vie quotidien, l’architecture et le patrimoine.

Dans sa composante sociale, la rencontre avec le patrimoine de proximité induit la construction d’un rapport ouvert, tolérant et réfléchi au monde : elle permet d’apprendre à discerner, à juger, à développer un esprit critique mais aussi à s’orienter et à se situer ; elle sensibilise aux enjeux relatifs à une culture commune et partagée ; elle vise à faire des élèves des ambassadeurs, des amateurs et des futurs protecteurs du patrimoine et des arts.

Pour mener à bien ce vade-mecum, l’INHA a réuni un comité de pilotage rassemblant des personnalités expertes, issues des différentes instances représentatives de l’éducation, et de l’histoire de l’art et du patrimoine :

Ce vade-mecum a été élaboré dans le cadre d’une collaboration entre le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse et l’Institut national d’histoire de l’art. L’INHA y a apporté son expertise en assurant la coordination scientifique et la rédaction de la partie sur l’histoire de l’art et du patrimoine et en collaborant étroitement avec le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse (Inspection générale de l'éducation nationale, DGESCO) en charge des parties pédagogiques du document et avec le soutien du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle.

En savoir plus