Dialogues de la salle Labrouste du 20 juin 2019

Bibliothèque de l’INHA - salle Labrouste © INHA - Marc Riou, Paris, 2018

Comment le nom de l’artiste est-il devenu un élément clef de la valeur symbolique et commerciale des œuvres ? La question est au cœur de cette enquête novatrice sur la signature en peinture.        

 

À propos de l’ouvrage

C’est à Paris, entre les années 1730 et 1820, que se déploie cette enquête richement illustrée, lorsque s’instaurent les institutions modernes des mondes de l’art : salons et expositions publiques, ventes aux enchères, musées. Les peintres français (Jean-Siméon Chardin en tête) se mettent à apposer leur nom sur les tableaux alors même que le nom de l’artiste devient un élément clef qui organise les écrits sur l’art : critiques, catalogues, cartouches et cartels, au point qu’un contemporain constate alors, avec dépit, que les amateurs se mettent à acheter « des noms, et non plus des œuvres ».

Mais pourquoi placer ainsi son nom sur un panneau de bois ou sur une toile ? La tradition est ancienne, et remonte à l’Antiquité. Pourtant, les peintres de l’âge des Lumières surent investir le nom de significations nouvelles. À Paris, le marché pour leurs peintures s’était élargi, avec la multiplication des ventes aux enchères, et ils ne pouvaient plus se contenter des cercles étroits de la commande princière ou celle des riches élites. Il fallait susciter le désir de consommation au moment où un premier capitalisme commercial fondé sur le luxe et sur la mode connaissait un essor sans précédent avant de s’imposer aux sociétés européennes au siècle suivant. La signature fut ce lieu, dans le tableau, où la valeur pouvait se concentrer et perdurer, où le culte de l’artiste pouvait matériellement se déposer.

 

« Faire l’histoire de la signature dans le tableau, c’est faire l’histoire d’un signe dense, qui s’est constitué au carrefour de plusieurs histoires. »

Charlotte Guichard, La Griffe du peintre. Essai sur la valeur du peintre (Seuil, 2018).

 

À propos des invités

Charlotte Guichard est historienne de l’art, directrice de recherche au CNRS et professeure attachée à l’École normale supérieure. Spécialiste des cultures visuelles et de l’art des Lumières, elle travaille à une archéologie des valeurs de l’art, dans un dialogue entre histoire, histoire de l’art et sciences sociales. Elle a publié Les Amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle (Champ Vallon, 2008) et Graffitis. Inscrire son nom à Rome. XVIe-XIXe siècle (Seuil, 2014).

Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, Sébastien Allard est conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre, où il est responsable des collections du XIXe siècle. Ses travaux portent sur la peinture et les grands décors en France sous la Restauration et la monarchie de Juillet. Il a été le commissaire, au Louvre, de l'exposition Dante et Virgile aux enfers d'Eugène Delacroix.

 

À propos des « Dialogues de la salle Labrouste »

Un auteur dialogue à propos de son livre avec un invité. Ce cycle se déroule dans la salle Labrouste, salle de lecture de la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. Il est ouvert à tous les publics intéressés par les domaines couverts par l’INHA : histoire de l’art, archéologie et histoire du patrimoine de tous les pays et de toutes les époques, cultures visuelle et matérielle, histoire de l’histoire de l’art, théorie de l’art, histoire de l’art mondialisée, histoire des techniques artistiques. L’ambition est de re­placer l’ouvrage dans son contexte en faisant dialoguer les époques, les cultures et les disciplines qu’il convoque.

Les ouvrages programmés dans le cadre de ce cycle sont des publications récentes. Ils sont proposés par les conseillers scientifiques et les bibliothécaires de l’Institut national d’histoire de l’art, conformément à l’esprit de l’établissement, qui regroupe différentes équipes dédiées à la recherche et à la plus vaste bibliothèque d’histoire de l’art au monde.