Dialogues de la salle Labrouste du 23 mai 2019

Bibliothèque de l’INHA - salle Labrouste © INHA - Marc Riou, Paris, 2018

À l’heure où l’exposition Le modèle noir de Géricault à Matisse est présentée au musée d’Orsay, la prochaine séance des Dialogues de la salle Labrouste sera consacrée à L’Art et la Race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières (Presses du réel, 2018) en présence de l’auteur Anne Lafont et d’Elvan Zabunyan.

À propos de l’ouvrage

Comment écrire un livre sur une notion problématique, la race, qui a forgé une idéologie de la domination? Comment la réinvestir en l’articulant à un corpus d’objets spécifiques – les oeuvres d’art représentant des figures noires – qui furent à la fois fétichisées et neutralisées par le musée et le discours? Enfin, comment historiciser, tout en gardant à l’esprit leur force essentialisante, l’art, la race, l’Africain et les Lumières, catégories qui ne fonctionnent pas seulement dans la compréhension que l’on peut en avoir dans un temps donné – celui, environ, du XVIIIe siècle – mais qui ont une valeur heuristique par-delà leur usages initiaux ?

 

Ce sont les questions qui ont présidé à l’initiative de ce livre. Fondé sur une recherche de plus de dix ans sur les formes qu’ont prises les représentations des Noirs dans l’art français d’avant l’imaginaire abolitionniste, il couvre l’art et les cultures visuelles qui vont de la fin du XVIIIe siècle, quand les colonies antillaises commencèrent à percer dans le champ artistique métropolitain, au premier tiers du XIXe siècle, quand l’échec de la première abolition de l’esclavage (1802) durcit l’iconographie partisane en mettant la violence des vies dans les plantations à l’ordre du jour de la création artistique.

 

« J’ai déjà fait voir, dans une Dissertation particulière sur la couleur des Nègres, qu’il est indifférent qu’Adam et Eve ayant été blancs ou noirs, puisque le changement du blanc au noir est aussi grand que celui du noir au blanc ».

Pierre Camper, Dissertation… 1791

À propos des invités

 

Anne Lafont a suivi ses études universitaires au Canada et en France avant d’être pensionnaire de la Villa Médicis – Académie de France à Rome. En 2003, elle est élue maîtresse de conférences en histoire de l’art moderne à l’université Paris Est Marne-la-vallée et, quatre ans plus tard, elle rejoint l’Institut national d’histoire de l’art où elle a passé dix années : d’abord en tant que responsable des programmes de recherche dans le domaine de l’historiographie artistique puis en tant que rédactrice en chef de la revue de l’INHA, Perspective. Elle est élue directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales en 2017 sur un projet intitulé Histoire de l’art et créolités.

 

Elvan Zabunyan est historienne de l’art contemporain, maître de conférences habilitée à l’université Rennes 2 et critique d’art. Ses recherches portent sur l’art nord-américain depuis les années 1960 et notamment le tournant 1970 autour des questions raciales et féministes. Elle travaille depuis le début des années 1990 sur les problématiques issues des cultural studies, des théories postcoloniales et des études de genre en cherchant à construire une méthodologie de l’histoire de l’art contemporain articulée autour d’une histoire culturelle, sociale et politique.

 

À propos des « Dialogues de la salle Labrouste »

Un auteur dialogue à propos de son livre avec un invité. Ce cycle se déroule dans la salle Labrouste,salle de lecture de la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. Il est ouvert à tous les publics intéressés par les domaines couverts par l’INHA : histoire de l’art, archéologie et histoire du patrimoine de tous les pays et de toutes les époques, cultures visuelle et matérielle, histoire de l’histoire de l’art,théorie de l’art, histoire de l’art mondialisée, histoire des techniques artistiques. L’ambition est de replacer l’ouvrage dans son contexte en faisant dialoguer les époques, les cultures et les disciplines qu’il convoque.

Les ouvrages programmés dans le cadre de ce cycle sont des publications récentes. Ils sont proposés parles conseillers scientifiques et les bibliothécaires de l’Institut national d’histoire de l’art, conformément à l’esprit de l’établissement, qui regroupe différentes équipes dédiées à la recherche et à la plus vaste bibliothèque d’histoire de l’art au monde.