L’association ATHAMAS, nouveau collectif de jeunes chercheurs invité à l’INHALab

Clark’s proposition Dialogo de maos (Dialogue of hands, 1966), in use. The object is made of elastic

L'association ATHAMAS (créée en 2018), baptisée ainsi en référence au roi grec frappé de folie dont l’histoire est rapportée chez Ovide, Pausanias et Euripide, rassemble des chercheurs en histoire de l’art autour d’un projet commun visant à interroger les pratiques artistiques expérimentales de la deuxième moitié du XXe siècle à nos jours, et les théories  de l’antipsychiatrie telles qu’elles ont émergées à la fin des années 1950.

Considérer autrement la maladie mentale, s’en emparer pour mieux en rendre compte, la théoriser pour mieux l’appréhender en dehors du champ médical et institutionnel, en faire une expérience hors de la contrainte sociale, hors de tout cadre.

Courant protestataire de pensée et de pratiques aux allures protéiformes, l’antipsychiatrie (dont les médecins antipsychiatres Ronald Laing, Aaron Esterson et David Cooper en sont à l’origine)s’inscrit dans un contexte  global de contestation radicale, si bien que sa portée dépasse  le domaine strictement médical pour investir les champs du social, du politique et de l’artistique. Étayée par une abondante production théorique (inspirés de ce courant de pensée, on peut citer entre autres les écrits de Michel Foucault, de Félix Guattari ou encore de Gilles Deleuze qui ont pensé la folie et réfléchi aux conditions de vie des patients en hôpitaux psychiatriques) et de nombreux débats publics, la prégnance de la pensée antipsychiatrique au sein des contre-cultures des années 1960 et 1970, en particulier, est une référence presque incontournable des études historiques et critiques sur la période.

Le nombre conséquent d’artistes de différentes générations qui soulignent l’importance de ce  courant pour leur propre pratique créatrice (de Robert Morris, très influencé par les écrits de Michel Foucault dans ses sculptures minimalistes qui caractérisent des éléments de limitation et de structuration du comportement, en passant par Jean-Jacques Lebel qui met en pratique la philosophie de Guattari et Deleuze en inscrivant ses créations personnelles dans une collectivité contributive, jusqu’au travail de Lygia Clark sur la figure de l'homme-patient et de l’art-thérapie) confirme la place prépondérante dans le champ culturel de  ce corpus théorique et des projets socio-politiques qu’il a pu porter.

Au cours de ses quatre mois de résidence (de mars à juin 2019), l’association ATHAMAS investit les espaces de l’INHA – la galerie Colbert et la salle Labrouste – en proposant des projections de vidéos et de films, des ateliers et une exposition intitulée « AntipsychiARTrie. Des liens entre art et antipsychiatrie de 1960 à nos jours ». Un cycle de séminaires et de workshops explorent de grandes lignes de réflexion, avec la  participation de chercheurs internationaux et d’artistes (Dora García, Mathieu Kleyebe Abonnenc, Agnès Geoffray, Graeme Revell, Florencia Rodriguez Giles). La galerie Colbert et sa Rotonde sont animées de lectures et de propositions performatives, le hall de l’INHA accueille une installation sonore (SPK, T.A.G.C….) et la salle Labrouste met à disposition une sélection bibliographique qui étend les perspectives de cette programmation.

La sélection bibliographique, dont les ouvrages sont consultables en salle Labrouste, s’inscrit dans le cadre de la résidence INHALab de l’association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie. Elle est pensée en étroite relation avec les manifestations proposées par le collectif. Cet ensemble met en relation des catalogues d’exposition et des livres d’artistes avec certains des ouvrages théoriques qui ont accompagné les remises en question des pratiques et des pensées conventionnelles de la psychiatrie dans les années 1960-1970.

L’association ATHAMAS a pour ambition de créer un réseau interdisciplinaire de recherche qui fédère des initiatives engagées dans le domaine d’une porosité entre productions visuelles et antipsychiatrie menées par des artistes, des chercheurs et des professionnels issus de différents champs disciplinaires (indépendants ou rattachés à divers institutions, universitaires, muséales et médicales, entre autres).

 

Membres fondateurs :

  • Nicolas Ballet (docteur en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Aurore Buffetault (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chargée d’études et de recherche, INHA), Hélène Gheysens (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Sandrine Meats (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Comité scientifique

  • Alfredo Aracil (chercheur et commissaire d’exposition indépendant, en résidence à Buenos Aires)
  • Marc Bellini (enseignant, École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris)
  • Élise Grandgeorge (doctorante, laboratoire HAR, Université Paris Nanterre)
  • Bénédicte Maselli (enseignante, Classe préparatoire de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon).

Pour toute information complémentaire :

Facebook : https://www.facebook.com/art.et.antipsychiatrie
Contact : asso.athamas @ gmail.com

_______

Dans cette volonté de privilégier et soutenir la jeune recherche, l’INHA invite chaque année successivement au sein de l’INHALab deux collectifs de chercheurs à proposer un projet scientifique créatif dans un domaine se rapportant à l’histoire de l’art. Il s’agit de favoriser la visibilité de leurs initiatives tout en les engageant à se rejoindre dans une dynamique collective. Ils sont ainsi invités à proposer des activités scientifiques et des manifestations publiques (séminaire, exposition, projections, performances…) qu'ils auront à penser pour faire connaitre les étapes et le résultat de leurs recherches.

L’association ATHAMAS est le troisième collectif de jeunes chercheurs à être accueillis dans le cadre d’INHALab.