Philosophe et historien de l’art, Hubert Damisch s’est éteint jeudi 14 décembre 2017

Philosophe et historien de l’art, Hubert Damisch s’est éteint jeudi 14 décembre 2017. Sa capacité à envisager l’histoire de l’art comme une discipline toujours exigeante mais ouverte, aussi bien par ses objets que par ses méthodes, a été un modèle pour de très nombreux historiens de l’art, qui fréquentèrent son séminaire ou lurent ses livres comme des lieux d’aventures intellectuelles et sensibles particulièrement stimulantes. Nous nous associons aujourd’hui à la peine de sa famille et de ses proches, en saluant en même temps une œuvre toujours vivante parce qu’immensément féconde.

Assistant de Pierre Francastel, auquel il avait été adressé par Maurice Merleau-Ponty, il enseigna dès 1958 à l’École Pratique des Hautes Études ; en 1967, il fut nommé maître assistant à l’École normale supérieure où il anima un séminaire d’histoire et de théorie de l’art qui devait se révéler décisif pour toute une génération d’historiens de l’art qui ont, à leur tour, profondément renouvelé la discipline : Yve-Alain Bois et Rosalind Krauss aux États-Unis et, à l’Ehess, Louis Marin, Jean-Claude Bonne, Daniel Arasse et Georges Didi-Huberman. Nombre d’historiens de l’art formés dans les années 1980 et 1990 trouvèrent également en lui une source d’inspiration. En 1975, il fut élu directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences sociales, où il enseigna jusqu’à sa retraite en 1996. Il y fonda le Cercle d’Histoire/Théorie de l’art, devenu en 1985 le CEHTA – Centre d’Histoire et Théorie des Arts. Dès son premier livre, Théorie du nuage (1972), Hubert Damisch a incarné une histoire de l’art « différente ». En élaborant une réflexion originale à partir du paradigme structuraliste et une heuristique sur le « travail de l’art », ses contributions ont permis de configurer le rapport entre histoire et théorie de l’art et de dépasser la traditionnelle division du travail qui oppose le domaine philosophique de l’esthétique et le champ de la recherche historique.

Auteur d’une oeuvre singulière et très influente en Europe et aux États-Unis, Hubert Damisch a apporté une contribution épistémologique fondamentale dans le domaine de l’histoire et de la théorie de l’art, du cinéma et de l’architecture. À l’instar de la recherche en sciences dures, son approche est faite d’hypothèses, d’expérimentations, de théories et de questions, parfois sans réponse, souvent porteuses d’autres questions encore. Il en résulte une oeuvre ouverte, toujours en mouvement et très actuelle autour de laquelle travaillent de nombreux chercheurs comme l’a montré, en 2013, le colloque organisé en son hommage à l’Institut national d’histoire de l’art et qui portait le titre emblématique : « Hubert Damisch. L’art au travail ».

L'Institut national d'histoire de l'art lui rend hommage et vous invite à relire à cette occasion l'entretien réalisé par Giovanni Careri et Bernard Vouilloux publié dans Perspective, la revue de l'INHA (numéro 1 | 2013 : Période moderne/Époque contemporaine) disponible ici.

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