Hommage à François Lissarrague

François Lissarrague (1947-2021) qui vient de disparaître subitement était un expert de l’étude des vases peints et du monde des images.

Appelé par J. P. Vernant et P. Vidal-Naquet en 1980 pour travailler auprès du Centre de Recherches Comparées sur les Sociétés Anciennes (centre Gernet devenu depuis ANHIMA), il s’est attaché à fonder une bibliothèque qui n’a pas d’équivalent en France, dédiée à l’iconographie du monde grec ainsi qu’une photothèque. Ce projet, dont il a été l’inlassable promoteur, fut lancé avec le soutien de l’archéologue Roland Martin et de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss. Il a conduit à la fusion de la bibliothèque Glotz d’histoire ancienne avec celle du Centre Gernet et à la création de l’équipe ANHIMA qui s’est installée dans le périmètre de l’INHA Galerie Colbert. Avec Jean-louis Ferrary, qui lui aussi vient de nous quitter, il a été l’animateur et le fédérateur d’une entreprise pluridisciplinaire originale qui a trouvé toute sa place dans la fondation de l’INHA.

Pionnier de l’anthropologie de la Grèce antique dans le sillage de Vernant et du groupe qui l’entourait, il a ouvert la voie à une approche renouvelée des vases grecs qui s’est épanouie en une série de livres et d’innombrables articles. Son travail dans les musées et les nombreuses expositions qu’il a patronnées ou auxquelles il a participé, lui a valu une réputation internationale et des invitations à enseigner dans le monde entier, tant en Europe qu’aux États-Unis, au Brésil et en Australie. Grâce à lui le centre ANHIMA est devenu un des lieux majeurs de la recherche en sciences de l’Antiquité, et particulièrement de l’anthropologie des images. Directeur d’études à l’EHESS en 1996, il été l’inspirateur des travaux de dizaines d’étudiants et de collègues. Il a créé avec Cécile Colonna le séminaire Vases grecs : images, corpus, collections, commun à l’INHA et à l’EHESS.

Sa simplicité, sa gentillesse et son sens de l’humour laissent une trace indélébile dans la mémoire de ses auditeurs. Il s’impose comme une figure marquante des études iconographiques en ce début du XXIe siècle.

 

Alain Schnapp