D’un séminaire à une restitution - « Nus dans un paysage » de Max Pechstein

Jeudi dernier avait lieu la restitution du tableau Nus dans un paysage (1912) de Max Pechstein conservé au musée national d’art moderne à l’ayant droit Rafael Cardoso, historien de l’art et écrivain, arrière-petit-fils de Hugo Simon et Gertrud Simon, victimes des spoliations nazies pendant la Seconde Guerre mondiale. En amont de cette restitution, un long travail d’enquête avait été mené (entre autre) par Inès Rotermund-Reynard, cheffe de projet à l’Institut national d’histoire de l’art qui a présenté l’histoire du tableau dans le cadre de son séminaire « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933 – 1945) – Recherche de provenance à l’échelle internationale » en partenariat avec l’Institut national du patrimoine (et depuis 2020 avec le ministère de la Culture) lors de la séance du 21 février 2019. 

Nus dans un paysage, ou Paysage, Max Pechstein, huile sur toile, 1912, 71x80 cm. Photo © Musée des  Beaux-Arts de Nancy / Jean-Yves Lacôte

L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) porte, avec la Technische Universität de Berlin, le programme de recherche « Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (RAMA) ». Il vise, sous la forme d’une base de données en accès libre et gratuit, à étudier et réper­torier l’ensemble des acteurs (marchands, galeristes, experts, commissaires-priseurs, transporteurs, historiens d’art, personnel des musées, artistes, col­lectionneurs, amateurs, intermédiaires divers...) qui se sont retrouvés au cœur des échanges artistiques et commerciaux entre la France et l’Allemagne entre 1940 et 1945. Ce répertoire bilingue, en accès libre et gratuit, sera mise en ligne à la fin de l’année 2021.

L’INHA organise également, avec le ministère de la Culture et l’Institut natio­nal du patrimoine, le cycle du séminaire public, « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) – Conséquences, mémoires et traces de la spoliation », dans lequel Rafael Cardoso Denis, l’arrière-pe­tit-fils de Hugo Simon, est intervenu en 2019, à  côté du conservateur du Musée national d’art moderne Didier Schulmann, pour raconter l’histoire du tableau de Max Pechstein.

Cette mise en lumière commune de la reconstruction du parcours du tableau a permis de faire connaître l’histoire familiale d’Hugo Simon en France et fut un élément clé qui a mené vers la restitution de l’œuvre. Le cycle de séminaires accessible à tous et consultable en ligne.

Le tableau restitué est actuellement prêté par les ayants droit au Musée national d’art moderne, dans une salle hommage à Hugo Simon, destinée à faire mieux connaître cette figure majeure du monde culturel allemand, de l’exil et des milieux antinazis des années 1930. L’œuvre expressionniste sera également prêtée par les ayants droit à l’exposi­tion « Afterlives: Recovering the lost stories of looted art » du Jewish Museum de New York, du 20 août 2021 au 9 janvier 2022. 

Retrouvez la séance du séminaire en suivant ce lien 

À propos d’Ines Rotermund-Reynard 

Ines Rotermund-Reynard rejoint l’INHA en janvier 2018 au poste de cheffe du projet Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation. Elle est historienne de l’art et germaniste ayant suivie un double parcours d’études supérieures en Allemagne et en France. Sa thèse de doctorat, en co-tutelle entre l’EHESS Paris et la Freie Universität Berlin,  portait sur la vie et l’œuvre du critique d’art juif allemand Paul Westheim (1886-1963) pendant son exil en France et au Mexique entre 1933 et 1963. 

Paul Westheim fut un ami proche de Hugo Simon et c’est le dépouillement des archives à Moscou – où le papiers du critique d’art juif allemand ont atterris après un long périple de spoliation – qui a permis à l’historienne d’art d’identifier l’inventaire de l’ancienne collection d’Hugo Simon.

Depuis ses études, elle s’est spécialisée sur la période 1933 à 1945, et notamment sur les activités culturelles des exilés, fuyant l’Allemagne nazie, et sur les questions de provenance d’œuvres d’art. Elle a enseigné l’histoire de l’art à l’Université Paris 1/Panthéon Sorbonne, à l’Université de Cologne et à l’Université de Genève. En 2017, elle a enquêté pour la Commission Gurlitt sur la provenance des œuvres d’art du marchand d’art allemand, actif pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 2019, elle est membre du collège délibérant de la CIVS (Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l’Occupation).