Hommage à Marc Fumaroli

Marc Fumaroli est décédé le 24 juin 2020. L’Institut national d’histoire de l’art salue la mémoire de ce grand historien de la littérature française et des arts de la Renaissance à l’âge classique.

Né en 1932 à Marseille, agrégé de lettres, docteur ès lettres, Marc Fumaroli a enseigné à l’université de Lille puis à l’université Paris-Sorbonne, avant d'occuper à partir de 1986 la chaire « Rhétorique et société en Europe (XVIe – XVIIe siècles) » au Collège de France. Il a été élu à l’Académie française le 2 mars 1995 (dans le 6e fauteuil où il succédait à Eugène Ionesco), et, en 1998, à l'Académie des inscriptions et belles-lettres (dans le fauteuil laissé par Georges Duby). Par ses travaux, il cherchait à écrire une nouvelle histoire européenne des idées, des lettres et des formes artistiques par l’étude des relations entre lettrés, érudits, artistes, philosophes et hommes de sciences de la Renaissance à l’âge moderne, et elles ont donné lieu à des publications extrêmement nombreuses. Membre fondateur de la Société internationale pour l’histoire de la rhétorique, fondateur et directeur de l’Institut européen pour l'Histoire de la République des Lettres, le monde du patrimoine et des musées lui était cher, et il a œuvré à son rayonnement en tant que président de la Société des amis du Louvre de 1996 à 2016. Très impliqué dans la vie culturelle, il prenait volontiers des positions affirmées pour la défense d’une certaine idée élitiste de la culture ; on se souvient de ses essais L'État culturel en 1991, critique virulente de la politique culturelle française, ou Paris-New York et retour, en 2009, dédié à ce qu’il estimait être les impostures de l’art contemporain.

Il a aussi consacré des travaux décisifs au comte de Caylus, ce père fondateur de l’archéologie au XVIIIe siècle, qu’il a contribué à faire redécouvrir, depuis son cours au Collège de France « Un gentilhomme universel : Anne-Claude de Thubières, comte de Caylus (1694-1765) » en 1992-1993 jusqu’à son ouvrage Le Comte de Caylus et Edme Bouchardon. Deux réformateurs du goût sous Louis XV, paru en 2016. L'Institut national d'histoire de l'art lui rend hommage en rappelant sa participation érudite à la séance des Dialogues de la Salle Labrouste du 30 novembre 2017, organisée autour de l’ouvrage d'Erminia Gentile Ortona et Mirco Modolo, Caylus e la riscoperta della pittura antica, en compagnie des auteurs et d’Alain Schnapp.