L’Institut national d’histoire de l’art devient éditeur

Après avoir longtemps coédité les ouvrages issus de ses programmes de recherche ou les thèses de jeunes chercheurs (la collection « L’Art et l’Essai » coéditée avec le CTHS), l’Institut national d’histoire de l’art lance cette année ses propres collections : « Dits » et « Inédits ».

Inédits

« Inédits », tel est le titre de la première collection éditée par l’INHA. Son ambition est de porter à la connaissance du public des textes de figures décisives de l’histoire de l’art ou de l’art restés jusqu’ici inaccessibles, faute d’avoir été publiés. Qu’il s’agisse d’articles, de biographies, d’essais, de correspondances, de textes de critiques ou même d’artistes ; qu’ils soient issus des fonds de la bibliothèque de l’INHA ou d’autres fonds encore, ces travaux, ignorés jusqu’ici, révèlent de nouvelles approches, un  nouveau regard sur des objets concrets ou théoriques qui modifient la vision que nous en avions. Ce n’est pas seulement notre vision de l’histoire de l’art qui peut s’en trouver modifiée, mais aussi notre compréhension de l’œuvre de ces auteurs. L’INHA décide de les faire connaître à ce titre. La collection permettra ainsi dans un premier temps la découverte de textes majeurs mais non encore publiés de Robert Klein, Aby Warburg, André Chastel ou Pierre Francastel.

Le premier titre de la collection, L’Esthétique de la technè. L’art selon Aristote et les théories des arts visuels au XVIe siècle, est consacré à la thèse de Robert Klein rédigée sous la direction d’André Chastel.
Au milieu du XXe siècle, Robert Klein s’est attelé à une tâche immense : repenser l’art et son histoire dans une perspective aristotélicienne. Dans L’Esthétique de la technè, il montre de quelle façon la conception artificialiste de l’art irrigue l’essentiel de la pensée et de la production artistique du XVIe siècle. L’œuvre maniériste, de Michel-Ange,  Arcimboldo ou Cellini, a pour finalité de susciter la stupeur et l’émerveillement, autrement dit d’amener le spectateur à s’interroger sur les procès techniques (alliance d’intelligence et d’habileté manuelle) qui l’ont fait advenir sous cette forme. Klein conteste ainsi le privilège de l’idée sur les moyens et offre une nouvelle vision, « aristotélicienne » plutôt que néoplatonicienne et idéaliste, de la Renaissance. Le texte définitif, rigoureusement établi et présenté par Jérémie Koering (chargé de recherche au CNRS et directeur adjoint du Centre André-Chastel), est précédé d’un avant-propos d’Henri Zerner (professeur émérite à Harvard University, Boston).

Dits

En miroir de la première collection, la seconde, « Dits », célèbre la petite forme. Elle rassemble des textes d’historiens de l’art conçus en réponse à une invitation de l’INHA. Le plus souvent dits et adressés à un public, ils conservent la force de leur énonciation première. Formes brèves, leur argumentation exprime l’idée au plus proche du mouvement de la pensée qui l’a fait naître.

Les deux premiers titres viennent de paraître :

Le premier titre, À livres ouverts, est la transcription de la conférence prononcée par le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman le samedi 14 janvier 2017, pour la réouverture de la bibliothèque de l’INHA, dans la salle Labrouste à Paris. L’auteur y salue l’ouverture de la bibliothèque comme celle d’un « ouvroir d’histoires de l’art potentielles ».

 

Une nouvelle bibliothèque d’histoire de l’art, ce serait donc l’espace ouvert – ou, plutôt, l’espace ouvrant, ouvrable, l’espace-ouvroir – pour cent mille
milliards d’articles, de thèses ou d’ouvrages d’histoire de l’art à venir. Cela veut dire qu’une bibliothèque est bien plus que la somme de ses propres livres. C’est un dispositif d’engendrement d’idées. C’est une machine à inventer des savoirs. (p. 12-13)

 

Le second titre, Piranèse ou l’Épaisseur de l’histoire, est un texte concis de l’archéologue et historien de la culture Alain Schnapp, sur la Via Appia de Piranèse. Il y célèbre la puissance d’analyse par le trait du graveur, dont les dessins seraient des chefs-d’œuvre de l’art antiquaire voire, bien plus, des études archéologiques avant la lettre.

Les gravures de Piranèse agrandissent ou réduisent à plaisir les monuments, elles jouent de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, elles tordent les perspectives et modulent les premiers plans comme si le graveur, conscient de ses effets, ployait les monuments à son propre plaisir pour les faire parler à sa place. […] John Wilton Ely a attiré l’attention sur cette remarque de Piranèse : “Les ruines parlantes ont rempli mon esprit d’images que des dessins précis ne m’auraient jamais permis d’exprimer.” Les ruines savent parler à qui sait les entendre et c’est cette force même qui s’incarne dans les gravures du maître et dans les commentaires qui les accompagnent. (p. 12-13)

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Collection « Inédits »

L’Esthétique de la technè. L’art selon Aristote et les théories des arts visuels au XVIe siècle
de Robert Klein
ISBN : 978-2-917902-37-0

Édition scientifique, transcription et présentation par Jérémie Koering,
avant-propos d’Henri Zerner.
© INHA, 2017 ; 320 pages ; format 17 x 26 cm ;
noir et blanc ; deux rabats ; Prix : 29 €
Conception graphique (ouverture et intérieur) : Yoan De Roeck ;
mise en pages : Débora Bertol.

Disponible en librairie et en ligne sur le Comptoir des presses d’universités
à partir du 10 mai 2017.

Collection « Dits »

À livres ouverts
de Georges Didi-Huberman
ISBN : 978-2-917902-41-7

Disponible en librairie et en ligne sur le Comptoir des presses d’universités
à partir du 13 juin 2017.

Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire
d’Alain Schnapp
ISBN : 978-2-917902-42-4

Disponible en librairie et en ligne sur le Comptoir des presses d’universités
à partir du 13 juin 2017.

© INHA, 2017 ; 48 pages ; format 11 x 16,5 cm ;
noir et blanc ; deux rabats ; Prix : 7 €
Conception graphique (ouverture et intérieur) : Yoan De Roeck ;
mise en pages : Richard Cousin.