André Chastel (1912-1990). Histoire de l’art et action publique8 février – 6 avril 2013

Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la disparition d'André Chastel et cette distance permet de prendre aujourd'hui toute la mesure de son œuvre, - une œuvre qui, à la différence de celles de nombreux historiens de l'art, déborde largement du cadre proprement universitaire. En témoigne ce souci constant, et peu commun, qu'il eut d'assurer une large diffusion à une discipline longtemps demeurée l'apanage des spécialistes et des amateurs, et qui le conduisit à concevoir ce qui allait devenir, après sa mort, l'Institut national d'histoire de l'art.

Affiche de l'exposition

Normalien, élève d’Henri Focillon, il orienta très tôt ses recherches vers la Renaissance italienne, qui allait rester son terrain d’études privilégié. Il entra dès 1934 en relation avec l’Institut Warburg et se passionna pour les thèmes et les méthodes lancés par Aby Warburg et ses successeurs, Panofsky et Saxl notamment. Après la mort de Focillon, il entreprit sous la direction d’Augustin Renaudet une thèse d’Etat, soutenue en 1950 et publiée en 1959, sous le titre Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique.

Très vite, André Chastel se lia avec la plupart de ses collègues à travers le monde, italiens (Roberto Longhi, Mario Praz), anglais (Anthony Blunt, Ernst Gombrich), américains (qu’il alla rencontrer lors de son voyage aux États-Unis comme «boursier Focillon» en 1949), allemands, mais aussi les historiens des pays du bloc communiste (comme le Polonais Jan Bialostocky). Sa grande réputation lui donna un rôle central au sein du Comité international d’histoire de l’art (CIHA), dont il devint le secrétaire scientifique en 1961. Il se battit toute sa vie pour la défense de sa discipline en France et voulut la doter d’un certain nombre d’instruments : il fonda ainsi une grande revue scientifique (la Revue de l’art), mais il jeta aussi les premières fondations de l’Institut national d’histoire de l’art. Il fut également un inlassable défenseur du patrimoine et créa, avec le soutien d’André Malraux, le service de l’Inventaire des richesses artistiques de la France. Son activité de critique d’art, notamment dans le journal Le Monde, lui assura une large audience et lui permit de défendre les artistes de son temps, comme Nicolas de Staël.

Ses archives, aujourd’hui conservées à l’INHA, permettent de comprendre et de documenter à peu près tous les aspects de ses multiples activités. On pourra donc voir dans cette exposition les brouillons de certains de ses ouvrages, ses carnets de travail, ainsi que les traces de son action d’homme public. C’est surtout sa correspondance qui, par les relations qu’il sut entretenir avec les historiens de toutes les origines et de tous les courants de pensée, offre un témoignage capital sur l’histoire de la discipline pendant la seconde moitié du XXe siècle.

Commissariat

  • Sabine Frommel
  • Michel Hochmann
  • Sébastien Chauffour
  • assistés de Laura de Fuccia, Eva Renzulli, Kira d'Alburquerque

Publication

André Chastel (1912-1990). Histoire de l'art et action publique
Sous la direction de Sabine Frommel, Michel Hochmann et Sébastien Chauffour
© INHA, 2013
128 pages
ISBN : 9782917902219