Historique de la bibliothèqueÀ l’origine de la bibliothèque : Jacques Doucet, couturier, collectionneur et mécène

Portrait de Jacques Doucet

Créateur de l’une des premières maisons parisiennes de haute couture, Jacques Doucet (1853-1929) constitue en parallèle une collection d’œuvres d’art, de mobilier et d’objets décoratifs, à l'affût de pièces exceptionnelles des XVIIIe et XIXe siècles (Chardin, Watteau, Degas, Manet…) ou d'artistes contemporains (Matisse, Picasso). Constatant l’absence en France d’une grande bibliothèque spécialisée pour les chercheurs en histoire de l’art et archéologie, il commence à rassembler dès la fin du XIXsiècle une documentation d’une ampleur extraordinaire. Ce qui va devenir la bibliothèque d’Art et d’Archéologie (BAA) prend place dans les six appartements mitoyens que Jacques Doucet possède au 16 rue Spontini dans le XVIe arrondissement de Paris. Entouré des meilleurs spécialistes, Jacques Doucet parvient à réunir 100 000 volumes en moins de 10 ans pour constituer la bibliothèque idéale censée couvrir tous les champs de la discipline : publications internationales contemporaines de référence, nombreuses sources (archives, manuscrits, lettres autographes, livres anciens, catalogues de vente), abondante documentation photographique, remarquables cabinets d’estampes et de dessins d’artistes français et étrangers (Goya, Delacroix).

Comme il l'avait souhaité dès l'origine de son projet, Jacques Doucet fait don de sa bibliothèque à l’Université de Paris en 1917. D’abord installée dans l’hôtel Salomon de Rothschild, rue Berryer dans le VIIIe arrondissement, elle déménage en 1936, rue Michelet, dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie.

D'une bibliothèque à l'autre

Devenue une bibliothèque universitaire, la bibliothèque d'Art et d'Archéologie résiste aux vicissitudes des bibliothèques publiques (locaux exigus, manque de moyens) alors que sa directrice Denise Gazier et les historiens de l'art alertent les tutelles sur la nécessité de lui octroyer le cadre qu'elle mérite. Son destin change lorsque dans les années 1980 André Chastel soutient le projet de création d'un Institut national d'histoire de l'art dont la triple mission serait de fournir des ressources documentaires aux chercheurs, de coordonner la recherche dans le domaine et d'assurer une large diffusion des connaissances.

En 1998, sur la base de plusieurs rapports et études (Pierre Encrevé, Françoise Benhamou, Philippe Belaval, Michel Laclotte), la salle Labrouste est attribuée par l'État au futur Institut national d'histoire de l'art pour sa bibliothèque. En 1999, la bibliothèque d'Art et d'Archéologie s’installe dans la salle Ovale du site Richelieu, dans l’attente de sa destination finale. En 2003, ses collections intègrent officiellement l'Institut national d'histoire de l'art, créé en 2001, dernière étape avant leur transfert à l’automne 2016 dans la salle Labrouste et son magasin central.