Triki, RachidaChercheuse invitée "Profession culture" (juillet 2014)

Biographie

Rachida Triki est une philosophe tunisienne spécialiste d'esthétique et de théorie de l'art. Critique d'art, elle collabore à plusieurs catalogues et revues d'art. Elle a aussi été commissaire de plusieurs expositions d'arts plastiques, dont les plus récentes sont « Couleurs maghrébines » (Hôtel de ville de Paris), « Paysages croisés » (Paris et Djerba) et « Proximité » (Tunis), et cocommissaire des expositions « Contact Zone » (Bamako) et « Sans frontières » (Pontevedra). Elle est correspondante de revues d'art et d'esthétique dont Recherches poïétiques et Art'in.

Elle est présidente et membre fondatrice de l'Association tunisienne d'esthétique et de poïétique, vice-présidente de la Société internationale de poïétique, membre du conseil d'administration de l'Association euro-méditerranéenne pour l'histoire de l'art et l'esthétique et membre délégué du comité exécutif de la Société internationale d'esthétique.

Professeur à l'Université de Tunis, elle a organisé plusieurs rencontres internationales sur les problèmes contemporains de la création et publié plusieurs ouvrages dont L'Image. Ce que l'on voit, ce que l'on crée, L'Esthétique et la question du sens et L'Esthétique du temps pictural.

 

Bibliographie

  • Esthétique et politique à la Renaissance, 1989, Presses universitaires de Tunis, Tunis.
  • Philosophie de la modernité, Beyrouth, 1992
  • L'image, Foucault, Deleuze, Lyotard (livre collectif), 1997, Vrin, Paris.
  • Peintures à Hasdrubal. Essai sur la peinture tunisienne et arabe (livre d'art), 2000, éd. Alif, Tunis.
  • L'Esthétique et la question du sens, 2001, Arcantère, Paris.
  • L'Esthétique du temps pictural, 2001, Centre de publication universitaire, Tunis.
  • Femmes, culture et créativité en Tunisie (livre collectif), 2002, Crédif, Tunis.
  • Michel Foucault. La peinture de Manet (livre collectif), 2004, éd. du Seuil, Paris.
  • L'artiste (livre collectif), 2005, Klincksieck, Paris.
  • Art et pouvoir (livre collectif), 2007, Klincksieck, Paris.
  • Politique de la photographie du corps, 2007, Klincksieck, Paris.
  • L'Image. Ce que l'on voit, ce que l'on crée, 2008, Larousse, Paris, coll. « Philosopher »
  • Paysages croisés (livre collectif), 2009, Publications de la Sorbonne, Paris.

Filmographie

Rachida Triki réalise en 1994 une série de 24 films documentaires d'art pour la télévision : Touches de création. Il s'agit de rencontres de peintres tunisiens dans leur atelier et d'analyse de leurs œuvres.

 

Projet de recherche

Le projet porte sur les influences des artistes européens sur l’apparition de la peinture de chevalet en Tunisie et sur les diverses mutations des arts plastiques dans la région.

 La fondation par l’Institut de Carthage du premier salon artistique tunisien en 1894 avec ses expositions annuelles ainsi que les visites d'artistes européens renommés ont installé progressivement la pratique picturale en Tunisie.

Puis il y a eu une première rupture avec des modes de représentation orientaliste, faite par les peintres locaux ou immigrés, sous l’influence de peintres européens. Les peintres locaux ont porté assez tôt un regard différent sur leur environnement en privilégiant des thèmes de nature morte, de paysages du terroir ou de portraits. À partir des années soixante, on peut considérer qu'une deuxième rupture opérée par la pratique picturale en 1963 a instauré une esthétique où les éléments référentiels sont devenus "êtres picturaux actifs" et que les objets hétérogènes du vécu sont réinscrits dans des combinatoires qui remettent en question la perception ordinaire : Najib Belkhoja, principal peintre du groupe a introduit cette rupture en revendiquant l'héritage de Klee, de Delaunay, de Mondrian et d’autres artistes européens.

La problématique que je voudrais élucider est de savoir s’il est possible, par une approche transculturelle de trouver une forme de « généalogie » culturelle des artistes maghrébins en rapport étroit avec l’Europe,  comme c’est indiqué en haut, mais aussi - et cela est très important - de déceler des pistes pour localiser un autre type de « généalogie » qui lie, cette fois-ci, les artistes européens eux-mêmes avec «  le Maghreb », surtout  si on sait que plusieurs parmi eux ont revendiqué historiquement cette filiation, à l’instar de Paul Klee.

La période contemporaine est, elle aussi, riche de cette proximité, voire de ce métissage. Plusieurs artistes originaires du  Maghreb et vivants en Europe ainsi que certains artistes qui sont dans une dynamique de création avec leurs homologues du Maghreb participent de cette forme d’appartenance.

Dans ce cas, peut-on aller jusqu’à revendiquer « une identité artistique commune » ? En tout cas, une forme d’osmose culturelle a nourri cette modernité de l’art et préparé sa mondialisation.

Mon objectif est d’essayer dans un premier temps de constituer une typologie des formes et des objets qui pourraient participer d'une identité artistique commune et dans un deuxième temps, d’organiser, en tant que commissaire, une exposition en Tunisie et probablement plus tard en France montrant  ces différents mouvements de filiation qui ont, dans une large mesure, façonné et orienté l’art plastique au Maghreb, voire en Europe.