McWilliam, Neil Chercheur accueilli (septembre-juillet 2011)

  • Biographie résumée

Nommé Walter H. Annenberg Professor of Art and Art History à Duke University aux États-Unis en 2003, Neil McWilliam est spécialiste de l'histoire culturelle de la France entre la Révolution de 1789 et la Première Guerre mondiale. Il s'intéresse tout particulièrement aux rapports entre la critique d'art, l'esthétique et les idéologies politiques, et a publié des études consacrées au rôle des arts et de l'esthétique chez les théoriciens utopistes et républicains des années 1830 et 1840, et chez les nationalistes de la « Belle Epoque ». En outre, McWilliam est spécialiste de l'histoire de la sculpture, et en particulier du monument public : il a publié de nombreuses études sur des artistes comme David d'Angers, Frémiet et Baffier.

Diplômé de l'université d'Oxford (Angleterre), McWilliam est co-fondateur et éditeur du Oxford Art Journal (1977-87) et de Art History (1987-93). Il a été membre du School of Historical Studies, Institute for Advanced Study, Princeton, 1997-98, et John Simon Guggenheim Memorial Fellow en 2006-2007. En 2010, il a organisé l'exposition Abusing Power. Conflicts in Caricature au Nasher Museum, Duke University. Il fait partie de l'équipe de recherches travaillant sur l'histoire de l'histoire de l'art en France entre 1900 et 1950, à l'INHA.

  • Bibliographie restreinte
  • Les Rêves de bonheur. L'Art social et la gauche française 1830-1850. Presses du Réel, 2007.Traduction revue et corrigée de Dreams of Happiness. Social Art and the French Left 1830-1850, Princeton University Press,1993.
  • Monumental Intolerance. Jean Baffier, A Nationalist Sculptor in fin-de-siècle France, Penn State University Press, 2000.
  • A Bibliography of Salon Criticism in Paris from the July Monarchy to the Second Republic 1831-1851, Cambridge University Press, 1991.
  • (Éditeur) Lines of Attack. Conflicts in Caricature. Catalogue d'exposition, Nasher Museum of Art, Duke University, 2010
  • (Éditeur avec June Hargrove) Nationalism and French Visual Culture, 1870-1914. National Gallery, Washington D.C., Center 2005.
  • « Qui a peur de George Sand ? Antiromantisme et antiféminisme chez les maurrassiens », Neil McWilliam, Michel Leymarie et Olivier Dard éd., L'Action française et la culture, Presses universitaires du Septentrion, Lille, France, 2010, pp. 173-84.
  • « Emile Bernard's Reactionary Idealism », Natalie Adamson & Toby Norris (éd.), Academics, Pompiers, Official Artists and the Arrière-garde : Defining Modern & Traditional in France 1900-1960, Cambridge Scholars Press, 2009, pp. 25-49.
  • « Erudition et engagement politique : la double vie de Louis Dimier », R. Recht, P. Sénéchal, C. Barbillon & F.-R. Martin (éd.), L'Histoire de l'histoire de l'art en France au XIXe siècle, Institut national d'histoire de l'art et Collège de France, La Documentation française, Paris, 2008, pp. 403-417.
  • « The Culture of Nationalism, c. 1880-1945 », Guntram Herb (éd.), Nations and Nationalism in A Global Perspective : An Encyclopedia of Origins, Developments and Contemporary Transitions, ABC-Clio, 2008, vol. 2, pp. 405-418.
  • « Conflicting Manifestations : Parisian Commemoration of Joan of Arc and Etienne Dolet in the early Third Republic », French Historical Studies, vol. 27, no. 2, printemps 2004, pp. 381-418.
  • Résumé du projet de recherche
  • La correspondance choisie d'Émile Bernard. Une sélection de quelques 300 lettres, pour la plupart inédites, provenant de collections privées et publiques françaises, suédoises, tchèques, américaines, belges et hollandaises. La publication est prévue pour 2011 et sera accompagnée d'un appareil critique.
  • Une monographie intitulée : The Aesthetics of Reaction. Tradition, Identity and the Visual Arts in France 1900-1914 (Esthétique réactionnaire : tradition, identité et arts visuels en France 1900-1914) . Cette étude explore le rôle joué par les idéologies nationalistes et conservatrices dans les débats autour de l'histoire de l'art et la production artistique contemporaine en France avant la Première Guerre mondiale. Elle montre comment les théoriciens nationalistes ont élaboré des positions – et des généalogies culturelles – faisant écho à l'image de la France, telles qu'ils essayaient de l'imposer idéologiquement. Mettant en valeur une littérature riche et largement ignorée, cette monographie montrera comment des critiques engagés auprès de mouvements comme l'Action française se fondaient sur la culture pour livrer un diagnostic de la France post-révolutionnaire, où le XIXe siècle – période d'histoire et de culture nationales où le rejet du passé est symbolisé par la suppression de l'Académie royale en 1792 – se confondait avec une époque inaugurée par la privation de l'apport de la tradition, apport jadis assuré par l'institution en tant que garante des transmissions, de génération en génération, de valeurs culturelles établies. Mes recherches démontrent que des artistes comme Louis Anquetin, Émile Bernard ou Maurice Denis ont tenté de faire revivre le sens du legs des maîtres du passé, en dehors de la tradition académique, à leurs yeux, discréditée par le dogmatisme de David et ses épigones.

Ce projet explore en outre la signification des différentes traditions mises en opposition pour définir l'essence culturelle de la France, notamment celles ayant rapport au Moyen Age, à la Renaissance française (autour de l'École de Fontainebleau) et au Grand Siècle.

Mon étude révélera l'enjeu idéologique de la tradition dans la vie artistique à la veille de la Première Guerre mondiale et tracera les contours de la réaction critique et pratique, engagée contre un art d'avant-garde et mettant au défi les valeurs « humanistes » auxquelles les conservateurs tentaient d'identifier leur campagne contre la vie et l'art modernes.