Mirages de la carte, l'invention de l'Algérie coloniale 1ère séance du séminaire MADE IN ALGERIA - généalogie d'un territoire

Le séminaire Made in Algeria

En s’appuyant sur le seul commentaire narratif d’œuvres littéraires qui ont un motif ou un sujet "oriental", et en proposant que la littérature du XIXe siècle ait été un procédé fictionnel en charge d’une construction de représentation, Edward Saïd a fondé une nouvelle critique qui a affecté tous les domaines de la création. C'est ce modèle de contre-champ critique qui sous-tend le séminaire et sa programmation. Soutenue par le croisement de sources visuelles et textuelles, il sera porté par des chercheurs algériens, français et étrangers, des cinéastes, des plasticiens et des écrivains.

Première séance

Entretien avec Hélène Blais, Maître de conférence en histoire contemporaine à l'Université Paris Ouest La Défense, autour de son ouvrage Mirages de la carte, l'invention de l'Algérie coloniale (Fayard, 2014).

Comment, à partir des pratiques de l'espace, de la connaissance et de la reconnaissance des territoires, une politique coloniale peut-elle se mettre en place ? Dans un contexte de domination et d'appropriation du territoire, une carte et son élaboration ne sont jamais neutres. La carte topographique se présente donc comme un révélateur des logiques spatiales d'un gouvernement colonial. Elle est à la fois le fruit et l'instrument d'une construction territoriale aussi bien réelle que mentale. Elle donne à voir l'empreinte laissée par la colonisation sur l'espace et les sociétés qui l'habitent en même temps que sur les façons de les représenter, de les figurer. Dans l'histoire de l'Algérie colonisée, deux discours s'affrontent : le discours de propagande qui fait de l'Algérie une créature de la France et le discours qui met en avant "l'ancienneté de la nation algérienne, sa cohérence et son unité précoloniale". En s'appuyant sur l'étude de la carte, Hélène Blais renouvelle les regards portés sur l'Algérie coloniale en favorisant les emboîtements d'échelle et les passages de frontières. Tout l'enjeu de son étude consiste à comprendre dans quelles mesures la politique coloniale s'appuie sur les pratiques et les représentations du territoire, à comprendre les rouages de la construction territoriale dans la mise en place d'un projet politique colonial. Pour cela, l'historienne croise deux chronologies : l'histoire de la colonisation et l'histoire des savoirs.

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Made in Algeria, généalogie d'un territoire, est un programme initié par Zahia Rahmani, responsable du domaine de recherche  "Art et mondialisation" de l'INHA et Jean-Yves Sarzain, directeur du  Département des cartes et plans de la BnF en collaboration avec avec le MuCEM, Musée des civilisations de l'Europe & de la Méditerranée.  Rythmé par un séminaire bimensuel à l'INHA en 2015, il précède l'ouverture au MuCEM de l'exposition du même nom, le 19 janvier 2016. Ce programme se veut opérer comme un moteur épistémologique sur les relations de causes à effets qui ont trait à l'histoire coloniale et ses représentations. Il donnera lieu à la constitution d'une base de données cartographiques consacrée au territoire de l'Algérie, un catalogue d'exposition et un colloque international suivi d'une publication.

Direction du projet Made in Algeria
Zahia Rahmani, responsable du programme de recherche "Art et Mondialisation", INHA
Jean-Yves Sarazin, Directeur du Département des cartes et plans, BnF

Coordination du projet Made in Algeria
Marie Civil, chargée d'études, INHA
Aline Pighin, chargée d'études, INHA

3 février 2015 - 18h-20h
Galerie Colbert
Salle Giorgio Vasari
Institut national d’histoire de l’art
entrée libre

Accès

6 rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris