Le corps de l’image : art et biopouvoirLe corps des femmes ou la fabrique de l’intime

Illustration : Jean-Honoré Fragonard, Le Verrou, Paris, Musée du Louvre

4 juin 2014 - 18h
Auditorium de la Galerie Colbert
entrée libre

Accès

6 rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

Le corps des femmes ou la fabrique de l’intime
par Catriona Seth (professeur à l’université de Lorraine)

Pas de siècle en apparence plus féminin que le XVIIIème, où les femmes sont partout, dans les salons, les antichambres, et même dans la rue. Mais elles sont plus encore… dans les alcôves : le corps des femmes est l’objet croissant d’un libertinage féroce, qu’attestent, entre autres, Sade et Laclos, ces deux prophètes maudits de la sexualité moderne, où l’éros n’est jamais qu’une modalité du pouvoir. Mais dans le secret de l’écritoire s’élabore une forme nouvelle de subjectivité, celle du journal intime, par où les femmes se réapproprient le langage public, et ce phénomène cardinal de leur histoire est une résistance décisive à la violence mâle du contrôle des corps, qui définit, chez Foucault, la biopolitique.

Catriona Seth, qui s’est formée à Oxford et à la Sorbonne, et dont l’activité universitaire est très internationale, a publié de multiples études sur le XVIIIème siècle français, sous ses aspects les plus divers, entre art et littérature, culture et politique. Son essai sur la petite vérole (Les rois aussi en mouraient, 2005) est en lui-même un ouvrage magistral sur la genèse du biopouvoir. La fabrique de l’intime (2013) a suscité un très vaste écho, qui va bien au-delà de la seule période. Cette formidable anthologie de mémoires et de journaux, écrits par des femmes dites de qualité, ressuscite un continent perdu, parce qu’occulté, qui accède enfin à la reconnaissance historique : la parole des femmes.