« Bijou(x). Les pratiques contemporaines à l’épreuve de leur discours »

14 et 15 février 2014
Paris College of Art
15, rue Fénelon
75010 Paris



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Imaginé ou fabriqué, exposé ou caché, le bijou contemporain dépasse l'idée d'un objet qui serait forcément précieux, et forcément porté. On a tendance à envisager ce décalage comme le produit de plusieurs pratiques singulières : celle de l'auteur qui le conçoit, celle du geste qui le réalise, celle du porteur qui se l'approprie. Pourtant, et parallèlement, l'objet-bijou est saisi par des discours (scientifiques, critiques ou juridiques) qui lui supposent une définition générale. Comment ces multiples pratiques contemporaines et les discours qui les disent s'influencent-elles réciproquement ?

Considéré de sa conception à ses modalités d'utilisation et de réception, l'objet évolue entre différents corps (un destinataire typique, idéal, spécifique), différents lieux (l'atelier, la galerie, le musée, le catalogue, la rue) et différentes formes (singularisées, signées, sérialisées, standardisées). Autant d'usages, d'états et d'actualités du bijou qui en modifient le sens et la fonction. Les gestes qu'il mobilise, les statuts qui le définissent et les espaces dans lesquels il est exposé le donnent à voir comme objet qui échappe à des déterminismes de formes, de nomenclature et de destination.

Le colloque propose d'explorer ces trois modalités d'existence du bijou. Le geste technique permet de confronter l'idée du caractère unique de l'objet (l'auteur, son empreinte, sa signature) à la collégialité de son entreprise (corporation, sous-traitance), au degré de singularité de sa forme (standardisation, répétition) ou à la vocation plurielle de sa diffusion (la transmission du geste). Si singulier puisse-t-il paraître, le bijou est aussi le produit d'un savoir commun en tant qu'objet juridiquement défini, métier réglementé, savoir transmis ou enseigné. Réfléchir au statut contemporain du bijou revient donc à interroger les institutions existantes de savoir et de pratiques du bijou, et les cadres qui instituent ces pratiques. Objet par définition mobile, le bijou apparaît à ce titre étroitement lié à l'espace dans lequel il prend place, sans que cet espace en détermine forcément le sens. Exposé dans un espace commun, conservé dans un cadre privé ou publié sur la page d'un livre, le bijou traverse autant de lieux qui le donnent à voir différemment, autant de publics dont le regard spécifique l'actualise et le requalifie. Par la pluralité de ses gestes, de ses statuts ou de ses espaces, le bijou contemporain se présente comme un objet insaisissable, échappant à des déterminismes de destination.