Séminaire IMAGES RE-VUES

Vendredi 19 juin 2009
16h-18h
Galerie Colbert
Salle Fabri de Pereisc, rdc
2 rue Vivienne
75002 Paris

accès : 6 rue des Petits Champs

Vendredi 19 juin

Luc Vancheri (université Lumière Lyon 2)
Le montage : une image de la pensée

Deux œuvres majeures de Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma et Voyage(s) en utopie, quelles que soient les matières, les formes et les modes de présentation qui sont les leurs, me semblent affirmer une même pensée cinéma sous les espèces du montage. Voyage(s) en utopie propose une archéologie du cinéma avec les moyens et les formes de l'art contemporain, tout en soumettant l'Histoire à une pensée du montage cinématographique qui se passe fort bien de ses prérogatives filmiques.

Godard part donc du montage pour retrouver le réel, le mythe, l'image, le film, la caméra, la projection, la fable, en somme tout ce avec quoi le cinéma a réussi à se construire. Ce que dit Godard au terme de son exposition, c'est que le monde n'est devenu pensable que sous l'effet des images qui ont été montées. Mais pour cela, il a fallu que le cinéma se donne une pensée de l'image et qu'il s'affirme en même temps au titre d'une nouvelle image de la pensée. L'une et l'autre constituaient déjà tout le projet des Histoire(s) du cinéma. La première, Godard la retrouve chez Saint Paul : l'image viendra au temps de la résurrection. La seconde, Godard la nomme montage, précisément.

Si le cinéma n'a pas su explorer les puissances du montage, il n'en demeure pas moins qu'il appartient aujourd'hui à l'art contemporain, ou mieux, au cinéma contemporain qui s'invente sous l'effet d'un régime contemporain de l'art d'en reprendre le sens. A ce titre, Voyage(s) en utopie n'est pas moins cinématographique que les Histoire(s) du cinéma. De l'un à l'autre se lit le travail de déterritorialisation qui affecte une image de la pensée nommée montage. C'est elle que nous nous donnons comme objet d'étude.