L’art et la culture dans les politiques éducatives. Généalogie et perspectives (XVIIIe - XXIe siècles)

Mardi 13 octobre 2009
15h–18h
Galerie Colbert
Salle Pereisc
2 rue Vivienne
75002 Paris

Accès : 6 rue des Petits-Champs

Entrée libre

Séminaire de recherches doctorales transdisciplinaires - Histoire, histoire de l'art, sociologie, sciences politiques

Dominique Poulot (professeur, Paris I) et Jean-Miguel Pire (chercheur, EPHE), direction ; Nicolas Idier (chargé d'étude, HCEAC), coordination.

Repères historiques et témoignages

Intervenants : Olivier Bonfait (professeur à l'université d'Aix-Marseille I), Chantal Georgel (conservateur, INHA), Patrick Laudet (inspecteur général Lettres), Marie Lavin (historienne, inspecteur d'académie), Jean-Pierre Levert (professeur au lycée Janson de Sailly).

Afin de mieux discerner les termes de la problématique et l'ampleur de la réflexion à mener, cette séance d'ouverture se propose de dresser un bref historique, de proposer des pistes prospectives, et de confronter les points de vue des principaux acteurs : ceux issus de l'enseignement, de la culture (les musées) et de la recherche.

Jean-Miguel Pire évoquera quelques uns des grands repères chronologiques marquant, au cours des quarante dernières années, l'introduction progressive de l'art à l'école. Il mettra notamment en évidence les moments de ruptures, tant matérielles qu'intellectuelles, ayant influencé cette question. Ainsi, la création du ministère des Affaires culturelles en 1959 a-t-elle occasionné une première division entre le monde de l'éducation et celui de l'art, et figé une sorte de distribution des rôles : à la Culture l'amour de l'art, à l'Education nationale, sa connaissance.
Dix ans plus tard, en valorisant le rôle de l'art dans la société, Mai-68 a érigé la créativité en dimension essentielle de la formation des individus. L'agrégation et le CAPES d'arts plastiques et de musique sont bientôt venus institutionnaliser le succès de cette hypothèse en faisant de la pratique artistique l'unique voie d'accès scolaire à l'art. Cette hégémonie a sans doute été cause d'une certaine marginalisation de la discipline. Car si les enseignements artistiques sont demeurés peu considérés au regard des autres disciplines, c'est peut être parce qu'ils ont trop délibérément ignoré, à côté de la pratique, la complémentarité de l'acquisition de savoirs positifs sur l'art, tant théoriques qu'historiques. A partir des années 1990, le développement au lycée de l'option histoire des arts est venu nuancer cette hégémonie sans pour autant la remettre en question. Et il faut attendre 2008 pour qu'à la suite des propositions du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle, l'histoire des arts fasse massivement son entrée dans la scolarité obligatoire.
Dressée à la lumière de cette actualité, le parcours historique permettra d'évoquer certaines difficultés solidifiées au cours du temps, et qui se présentent aujourd'hui comme autant d'obstacles que la réforme devra surmonter. Le plus délicat d'entre eux est sans doute celui causé par la profonde césure existant désormais entre, d'une part, l'école, et d'autre part, la recherche et l'enseignement universitaires en histoire de l'art.
Maintenue à distance du monde scolaire, l'histoire de l'art française n'a pratiquement pas pu développer de didactique adaptée à l'école. Elément sans doute de nature à constituer un point de convergence entre les multiples courants d'une discipline très disparate, cette didactique est donc à construire en relation avec une école en voie d'ouverture. Et si les méthodes font défaut, la faiblesse des liens structurels entre l'Education nationale et l'Université représente peut être un écueil plus difficile à surmonter. Il faut non seulement construire un corpus adapté, une culture commune, mais surtout une culture du dialogue.

Olivier Bonfait, professeur d'histoire de l'art à l'université d'Aix-Marseille I et président de l'Association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'art (APAHAU), évoquera la question des relations entre la discipline universitaire et l'école : le passé d'une rencontre manquée, comme l'actualité d'un dialogue désormais à construire.

Marie Lavin, inspectrice d'académie particulièrement engagée dans la conception et la mise en œuvre du premier programme d'histoire des arts dans le secondaire, apportera un regard de praticien articulé à une observation très informée du terrain. Son analyse sera éclairée par le témoignage de Jean-Pierre Levert, enseignant en classes préparatoires au lycée Janson de Sailly, également pionnier dans la mise en place de l'histoire des arts, et qui viendra accompagné de quelques uns de ses élèves.

Patrick Laudet, inspecteur général de l'Education nationale pour les Lettres chargé du théâtre, viendra compléter le témoignage de terrain en apportant la distance critique et institutionnelle que lui confèrent ses responsabilités.

Chantal Georgel, conservateur de Musée, membre de l'équipe fondatrice du Musée d'Orsay, évoquera l'esprit novateur qui présida à la création du service culturel. Elle reviendra notamment sur l'offre de formation en histoire de l'art à destination des enseignants. Ce sera l'occasion de mettre en évidence le rôle que peuvent jouer les établissements culturels, en cohérence avec l'université, dans la transmission du savoir sur l'art.

Séances du séminaire

  • Repères historiques et témoignages (Mardi 13 octobre 2009)
  • L'histoire de l'art, un nouvel humanisme ? Communication de Marc Fumaroli (Vendredi 18 décembre)
  • Le corps : de l'apprentissage de la sensibilité à la crainte de la sensualité ? (Février 2010)
  • L'art et la sensibilité dans les programmes scolaires en France (Avril 2010)

Documents joints