L’Antiquité retrouvée au siècle des Lumières. Le Voyage pittoresque de la Grèce du Comte de Choiseul-Gouffier dans l’Empire ottoman

Vendredi 12 février 2010
9h30-11h30
Galerie Colbert
Salle Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, rdc
2 rue Vivienne
75002 Paris

Accès : 6 rue des Petits-Champs

Dans le cadre de la conférence d'Archéologie grecque de François Queyrel, M. Fabrice Delrieux (Université de Savoie) interviendra sur :

"L'Antiquité retrouvée au siècle des Lumières.
Le Voyage pittoresque de la Grèce du Comte de Choiseul-Gouffier dans l'Empire ottoman"

Au XVIIIe siècle, l'Europe des Lumières est à l'école d'une Antiquité gréco-romaine considérée comme un âge d'or dans l'histoire du continent. Alors que triomphe le néoclassicisme, les esprits éclairés de l'époque cherchent pour beaucoup leur inspiration dans ce passé idéalisé. De même, de grandes fouilles archéologiques tentent de tirer du sol de nouveaux et glorieux témoignages hérités des Anciens. Ailleurs, poussés notamment par le goût de l'aventure, certains choisissent d'aller sur place, qui en Italie, qui en Grèce ou en Asie Mineure, pour voir enfin les berceaux de tant de louanges et ramener de quoi susciter l'enthousiasme et nourrir un peu plus l'imagination.

Parmi ces hardis voyageurs, à l'origine parfois de splendides collections d'antiques, le comte Marie-Gabriel de Choiseul-Gouffier occupe une place des plus distinguées. Membre d'une grande famille de France, élevé dans l'esprit des Lumières et l'admiration de l'Antiquité, ce disciple de l'abbé Barthélémy entreprend en 1776 un voyage d'environ deux ans le conduisant dans le bassin égéen, alors sous domination ottomane. Observateur philhellène et lucide, il ramène de son périple notes et dessins lui permettant de publier en 1782 le premier tome du « Voyage pittoresque de la Grèce » dont le succès retentissant lui ouvre, non seulement les portes de l'Académie française, mais celles de l'ambassade de France à Constantinople. Interrompu dans son ascension par la Révolution et l'Empire, le comte de Choiseul-Gouffier aura néanmoins laissé derrière lui un monument de la littérature française, pourtant méconnu du grand public aujourd'hui. Certes, comme d'autres, ce dernier est un ouvrage rédigé dans un esprit scientifique, visant à faire connaître le résultats d'observations archéologiques et topographiques. Néanmoins, véritable œuvre d'art par la qualité des gravures qu'il contient, le « Voyage pittoresque de la Grèce » se distingue aussi par la volonté de l'auteur d'associer le lecteur à ses découvertes, lui donnant ainsi l'impression de participer à l'aventure. C'est donc ensemble qu'ils vont au contact de cultures nouvelles, qu'ils regrettent l'état dans lequel se trouvent les Grecs qu'ils côtoient, ou bien encore qu'il s'insurgent contre l'ignorance destructrice de l'occupant. Appelant de ses vœux la libération de la Grèce, le comte de Choiseul-Gouffier n'en participe pas moins à son pillage dans sa recherche éperdue d'œuvres à sauver. En cela aussi, il est un homme emblématique.