Hogarth à Hollywood

mardi 6 novembre
18h

Institut national d'histoire de l'art
salle Giorgio Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris
accès : 6 rue des Petits Champs

Cette conférence se propose d'examiner les rapports entre peinture et cinéma à partir d'un exemple historique précis : le « transfert » dans le cinéma hollywoodien d'images, de thèmes et de personnages directement inspirés par les tableaux et gravures de William Hogarth. Le satiriste anglais a, de longue date, été pillé par les cinéastes et décorateurs hollywoodiens, comme l'attestent, entre autres, L'Homme qui rit de Paul Leni, Bedlam de Val Lewton, La Duchesse des bas-fonds de Mitchell Leisen, Les Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang ou Barry Lyndon de Stanley Kubrick. La plupart de ces films tendent à travestir le message de Hogarth, en le moralisant, ou le vidant de sa charge polémique. Au XVIIIe siècle, Hogarth se pose en champion d'un art national, contemporain et satirique ; le cinéma fait de sa peinture, devenue « historique », le garant d'une production de « prestige », équivalent du « Grand Style » que combattait Hogarth. Hollywood rétablit la hiérarchie des genres contestée par le peintre. En revanche, son exemple subversif a été suivi tant par Erich von Stroheim que par Fritz Lang, notamment dans des « films de genre » qui sont aujourd'hui considérés comme des « films d'auteur » et davantage prisés des cinéphiles que les productions hollywoodiennes de « prestige » couronnées par les Oscars.

Professeur d'études cinématographiques à l'Ecole normale supérieure, Jean-Loup Bourget dirige l'UMR 7172 ARIAS (Atelier de recherche sur l'intermédialité et les arts du spectacle, CNRS – Paris III – ENS). Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages et de nombreux articles sur le cinéma américain et sur la culture anglo-américaine. Son dernier livre est Hollywood, un rêve européen (Armand Colin, 2006).

Contact : programmation@inha.fr