De la collection archéologique à la « collection gravée » : Recueils de vases antiques dans la première moitié du XIXe siècle

mercredi 2 février 2005
17h30

Salle Giorgio Vasari
Institut national d'histoire de l'art
2 rue vivienne - 75002 Paris
Accès : 6 rue des Petits Champs

Les plus anciennes reproductions de vases antiques apparaissent dans les recueils antiquaires des XVIIe et XVIIIe siècles. Le recueil antiquaire ne semble complet que parsemé de quelques reproductions de vases dispersées parmi d'autres antiquités. La publication du Chevalier d'Hancarville voit pour la première fois dans l'histoire de la céramique, une collection archéologique de vases, celle de Sir William Hamilton, devenir « collection gravée ». Ce livre est essentiel à la redécouverte du vase antique car il participe au goût croissant du monde artistique et savant de l'époque pour le vase en tant qu'objet archéologique.

Au début du XIXe siècle, les recueils consacrés à la céramique antique vont se multiplier. Cette documentation archéologique augmente considérablement à la suite des fouilles de Vulci (1828) ; la diffusion des reproductions des vases, en partie assurée par l'Institut archéologique de Rome, suscitent une interrogation scientifique sur la nécessité de trouver des classifications propre à ces objets. Au sein du mouvement néo-classique qui cherche à théoriser le rapport à l'Antiquité classique, Antoine Quatremère de Quincy distingue officiellement la collection archéologique de vases antiques, de la « collection gravée ». Il attire l'attention du monde savant sur la richesse de cette documentation pour une meilleure connaissance des civilisations anciennes et insiste sur l'importance de constituer des « collections gravées » de ces objets. Ces collections doivent contribuer à la constitution d'un savoir sur ce nouveau champ disciplinaire que représente à l'époque la céramique parmi les sciences de l'Antiquité.

Cette conférence se propose de faire un état des lieux de la reproduction des vases antiques dans la première moitié du XIXe siècle : comment ces objets sont-ils concrètement reproduits d'un recueil à l'autre ? Quels sont les choix éditoriaux des auteurs ? Nous montrerons ensuite, dans une perspective historiographique, comment certains de ces recueils, parce qu'ils expérimentent des systèmes de classification des objets auxquels sont liés des enjeux méthodologiques et idéologiques, témoignent de l'élaboration d'une science de la céramique antique, qui pose les fondements de la céramologie moderne.

Après avoir étudié la question des ateliers dans la céramique grecque archaïque, Sabine Jaubert s'est spécialisée dans l'histoire de l'archéologie du XIXe siècle, et achève actuellement un doctorat sur Charles Lenormant (1802-1859) et François Lenormant (1837-1883). Dans le cadre d'une association avec l'Université Libre de Bruxelles sur la réception de l'Antiquité en Europe au XIXe, elle a élargi ses recherches à d'autres figures de l'archéologie du XIXe, (colloque au printemps 2005) ; au sein du groupe ICAR - Ecole française de Rome, elle a étudié l'histoire de l'iconographie antique (article à paraître sur le site Internet de la M.A.E. René Ginouvès) ; en collaboration avec Annie-France Laurens, dans le cadre de l'UMR 5140 de Lattes-Montpellier, elle développe les projets concernant les relevés iconographiques des antiquaires et des archéologues (article à paraître dans le Journal des Savants). A l'INHA, après avoir collaboré au Dictionnaire des historiens de l'art, elle a rejoint depuis 2005 le programme Histoire de l'archéologie, et se consacre plus particulièrement à l'Histoire de la Connaissance du vase grec.

Contact : maud.brionne@inha.fr et angela.julibert@inha.fr