Cinématismes. La littérature au prisme du cinéma

2 et 4 décembre 2010 Ecole Normale Supérieure Salle Dussane 45 rue d'Ulm 75005 Paris

3 décembre 2010 Galerie Colbert Auditorium 2 rue Vivienne 75002 Paris

Accès : 6, rue des Petits-Champs

Programme

Le cinéma, en naissant puis en se développant, n'a pas seulement produit des techniques, des images, des formes nouvelles de récit ou de spectacle. Gisement de notions, termes et concepts qui ont permis de porter des regards neufs sur des objets qui lui préexistaient, il a également constitué un filtre au travers duquel regarder et comprendre le monde. La forme la plus connue de ce regard est le « cinématisme » eisensteinien : « Il semble que tous les arts aient à travers les siècles tendu vers le cinéma. Inversement, le cinéma aide à comprendre leurs méthodes. » Prenant comme point de départ cette vision puissante et provocante, le présent colloque considère non seulement le cinématisme mais les cinématismes, entendus comme l'ensemble des nouveaux moyens d'analyse et d'interprétation fournis par le cinéma.

Centrée, pour cette première rencontre, sur la littérature, notre réflexion collective entend donc dresser un bilan sur les (re)lectures de textes littéraires irriguées par le cinéma et par les catégories techniques, esthétiques et conceptuelles qu'il a fait naître, cela tout au long du XXe siècle. Dès les premiers écrits recensés par les historiens apparaît la possibilité de considérer la littérature au prisme du cinéma ; la voie s'ouvre à la notion de pré-cinéma, fondée sur l'hypothèse d'une prescience du cinéma dans les arts et la littérature, et la volonté d'envisager le septième art comme art total. Ainsi prend forme, régulièrement contestée mais résistante aux critiques, l'idée d'une « cinématographicité » de la littérature. Les uns la trouvent chez les romanciers du XIXe siècle, fascinés par les premières machines optiques ; d'autres dans une modernité littéraire américaine réputée « sous influence » du cinéma ; d'autres encore chez des auteurs contemporains à l'écriture hantée par le cinéma, sur le plan de l'inspiration comme du style.

C'est l'ensemble de ce phénomène critique que l'on voudrait envisager, non dans le but d'évaluer, de défendre ou réhabiliter telle ou telle approche, mais afin de reconstituer le fil d'une tradition qui représente aujourd'hui une zone spécifique des études comparatistes littérature / cinéma ; d'en analyser l'intérêt épistémologique ; de chercher ce qui est en jeu (esthétiquement, historiquement, politiquement peut-être) dans cette utilisation, hors de leur domaine spécifique, des catégories d'analyse créées par le cinéma.

À l'horizon de cette recherche, on espère mieux comprendre la façon dont le cinéma est non seulement source de productions à interpréter, mais peut devenir lui-même un précieux instrument d'interprétation.

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